La diaspora congolaise venait de perdre un intellectuel engagé et un éminent érudit. Il faisait la fierté des Congolais. Il s’est éteint le 4 avril 2017 à Villejuif.
Chercheur en Sciences sociales, universitaire, analyste politique, anthropologue, musicologue, journaliste, sa trajectoire témoignait de la force de sa personnalité.
Fils de Mobe Léon et de Manga Thérèse, aîné d’une famille de neuf enfants, Anicet Mobo Fansiama est né le 22 juin 1952 à Léopoldville en République Démocratique du Congo. Il a fait ses études primaires au Collège Albert 1( Boboto), dans les années 60, il connut Marcelin Delo, Jean Banduka, Félix Mvuemba, Jacky Pelasymba, Pierre Nkumu, Damien Ndebo, Jhersy-Jossart Nyoka Longo, Jean-Marie Diomi, John Kanza, Jean-Denis Edjidjomo, Jean-Pierre Mayasi, Jean-Pierre Mangelesi etc...
Son bac en poche au Collège Notre-Dame de Mbansa-Mboma dans le Kongo-Central, il s’envole en Europe, d’abord en Belgique (Université catholique de Louvain ou UCLouvain), lassé de la Belgique, il décide de gagner Paris.
Il s’inscrit à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, ce haut lieu des savoirs pour défendre son doctorat.
Dans ces années turbulentes (1980-1990), il était persuadé que le Congo allait enfin sortir de sa torpeur, se libérer, s'affranchir de la dictature et se défaire de la prison politique, juridique et intellectuelle bâtie autour de lui par la deuxième république. Intransigeant sur les principes, il n’a jamais cédé aux sirènes des différents pouvoirs qui se sont succédé au Congo, il a toujours refusé leurs offres.
C’est un intellectuel indépendant dans sa démarche et familier avec tous les genres – Politique, sociologie, anthropologie, littérature, beaux-arts et musique. Il se distinguait de ses collègues par l’ampleur de sa culture, la clairvoyance de son jugement et son esprit supérieur.
C’était un érudit de politique, d'histoire et des lettres, homme des médias, chroniqueur et historien de la musique congolaise, éminent conférencier et farouche débatteur.
Anicet Mobe dont l’érudition semblait inépuisable, surplombait intellectuellement son époque.
J’étais frappé par son exceptionnelle rapidité et limpidité intellectuelle.
Un tête-à -tête avec lui constituait un moment de bonheur, un grand privilège, mais le plus terrible des examens. On rentrait intelligent, j’ai beaucoup appris chez lui. Il m’a éclairé, modifié mon jugement sur beaucoup de sujets et complété ma culture politique.
C’était en somme un pédagogue lumineux.
Rendant hommage à un cadet, le professeur Elikia Mbokolo a insisté sur ce qui chez Anicet Mobe traduisait l'homme : « la quête de la connaissance et le partage, des vertus sur lesquelles il fondait l'espoir d'un Congo nouveau ».
Il a laissé des œuvres immenses, il a publié dans tous les grands journaux de l’espace francophone : Le Monde, Le Monde Diplomatique, Le Soir, La Croix, RFI, La Libre Belgique, Le Point, l’Express, Nouvelle Afrique-Asie etc… et des chaînes de télévision TV5 Monde et France 24.
Jean-Claude Mombong