La représentativité parlementaire
Nous restons convaincus que l'inefficacité chronique dont souffre, à de degrés divers, les gouvernements successifs de notre pays depuis les années 1960 jusqu'à ce jour, est due au fait que nous confondons les rôles du parlement et du gouvernement. En effet, dans une démocratie représentative comme la nôtre, on cherche à obtenir, à travers le système électoral, le plus de représentativité possible des forces socioculturelles de la nation congolaise. Chaque province, chaque territoire doit avoir des élus à l'Assemblée nationale. Donc, le premier objectif politique ici recherché est la représentativité.
L'efficacité gouvernementale
En revanche, le gouvernement est une équipe réduite composée des personnes ayant des expertises respectives avérées dans les différents secteurs de la vie nationale. Ces femmes et ces hommes d'expérience sont sélectionnés par le président de la République et le premier ministre en ayant à l'esprit en priorité le souci de l'efficacité de l'équipe pour faire face aux différents problèmes et défis du pays. Ça, c'est la théorie.
Les pratiques nocives
En réalité, dans notre culture politique, la composition des gouvernements est soumise à deux critères de représentativité :
1. La représentativité géographique ou géopolitique. C'est-à-dire que le gouvernement est considéré comme un mini-parlement dans lequel chaque province, si pas chaque grande tribu, doit avoir un délégué.
2. La représentativité partisane : à la représentativité géographique vient s'ajouter la représentativité partisane. C'est-à-dire que chaque parti politique, membre de la coalition qui soutient le président de la République, a droit à un quota des portefeuilles ministériels. Et ces partis politiques proposent, à la libre discrétion du chef du parti ou du regroupement, le ou les candidats ministres.
Ce qui est le plus déplorable et préjudiciable à l'avancée du pays est que dans ce processus de sélection des ministres, le critère de compétence des candidats par rapport au poste proposé n'est aucunement mis en avant.
Le gâchis congolais
Les résultats de cette culture de la géopolitique et de répartition des quotas partisans sont évidents : l'efficacité de nos gouvernements successifs à répondre aux attentes de la population en termes de sécurité, de santé, d'infrastructures, d'éducation, d'emploi, d'environnement, de défense nationale... La RDC, qui a vocation à devenir la première puissance économique, militaire, culturelle, diplomatique de l'Afrique centrale, si pas de l'Afrique noire, grâce à ses multiples atouts, est devenue la risée de ses voisins ! Quel beau gâchis !
Réveillons-nous, il n'est pas encore trop tard !
Thomas Luhaka Losendjola
Ancien président de l’Assemblée nationale, ancien ministre, avocat et Député national