Une nouvelle vague d'éléments de la Police nationale congolaise (PNC) et de militaires en provenance de Bukavu, au Sud-Kivu, est arrivée le mardi 25 février 2025 à Goma, au Nord-Kivu.
Ces forces se dirigent vers Rumangabo, situé à une quarantaine de kilomètres de Goma, pour y suivre une "formation idéologique" sous l’égide de l'Alliance Fleuve Congo (AFC) et du groupe rebelle du M23.
Cette relocalisation fait suite à un premier contingent envoyé la veille et intervient alors que la coalition AFC-M23, soutenue par l'armée rwandaise, contrôle plusieurs zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, y compris les villes stratégiques de Goma et de Bukavu, situées autour du lac Kivu.
Devant les caméras, certains policiers et militaires ont affirmé avoir rejoint l’AFC-M23 de leur propre gré, appelant leurs collègues encore cachés dans la population à les rejoindre. Kinshasa, de son côté, rejette cette version des faits et considère ces soldats comme "des prisonniers de guerre pris en otage".
Jacquemin Shabani Lukoo, Vice-premier ministre et ministre congolais de l'Intérieur, de la Sécurité et des Affaires coutumières, a dénoncé cette initiative en la qualifiant d’illégale au regard du droit international. Il a rappelé que "l'endoctrinement des policiers est contraire à la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre" et accusé le M23 de vouloir retourner les forces congolaises contre leur propre pays.
Le 22 février 2025, une centaine de policiers en provenance de la ville de Bukavu avaient déjà été transportés par bateau vers la ville de Goma avant d’être transférés vers Rumangabo. Cette situation suscite des inquiétudes parmi les habitants de Bukavu, qui s’interrogent sur la sécurité de la ville désormais privée d’une partie de ses forces de police.
D'après des sources locales, la durée exacte de cette formation reste inconnue. Lors de la prise de Bukavu par l’AFC/M23 la semaine dernière, plusieurs milliers de policiers, militaires et combattants proches des Forces armées de la RDC (FARDC) se sont rendus aux rebelles. Dimanche, un millier d’entre eux ont été transférés à Goma par voie fluviale avant d’être redéployés vers Rutshuru.
Alors que la situation sécuritaire demeure précaire à l’Est de la RDC, cette nouvelle phase d’intégration des forces congolaises au sein de la coalition AFC-M23 soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir du conflit et les capacités de Kinshasa à rétablir son autorité dans ces provinces.
La Gazette du Continent.