Dans l'une de ses chroniques, l'ancien ministre et député honoraire Thomas Luhaka Losendjola est revenu sur les dernières déclarations du feu le président Mobutu sur cette guerre d'agression que le Rwanda impose à la République Démocratique du Congo, 27 ans plus tard.
Selon cet ancien du Mouvement de Libération du Congo (MLC), la résolution militaire de cette crise par la RDC, repose sur une seule stratégie, la motivation des hommes de troupes au front et la réorganisation des opérations comme l'aurait suggéré le Maréchal Mobutu en 1996.
Selon plusieurs analystes, ce plan de Mobutu serait encore d'actualité si l'actuel régime venait de l'appliquer. Car, au regard de la situation et comme le clame le président de la République, chef de l'État et commandant suprême de Forces armées de la République Démocratique du Congo qu'il n'y aura pas de négociations avec les rebelles. La seule alternative, c'est de motiver à 100 % ces militaires aux combats.
Voici comment le président Mobutu comptait régler militairement la guerre de l'Est
Le 18 décembre 1996, le Maréchal Mobutu est accueilli triomphalement par les Kinois à son retour au pays après une intervention chirurgicale de la prostate. Ils espèrent sincèrement que le président zaïrois va régler rapidement la question de la guerre qui a éclaté à l'Est du pays depuis le 19 octobre 1996. Le 20 décembre 1996, le président Mobutu nomme l'un de ses meilleurs officiers à la tête de l'armée. C'est le général Donatien Mahele surnommé Tigre. Le Maréchal Mobutu fait aussi une nouvelle mise en place au niveau des unités opérationnelles des Forces armées zairoïses (FAZ). La population se réjouit de ces nominations.
Après ces décisions, le Maréchal Mobutu va avoir un entretien de deux heures avec son premier ministre Léon Kengo wa Dondo. Voici un extrait de cet entretien qui montre à quel point le président Mobutu avait une lecture correcte de la situation militaire et proposait au gouvernement Kengo une piste de solution qui aurait probablement changé la donne sur le terrain.
Malheureusement, le président Mobutu n'a pas été suivi dans cette démarche.
L'entretien était en lingala. La traduction en français est de Honoré Ngbanda, le conseiller spécial du président Mobutu. Cet extrait est tiré du livre de Ngbanda "Ainsi sonne le glas".
"Mon jeune frère (le Maréchal s'adresse à Kengo), je viens de rentrer et vous avez vu comment ce peuple compte encore sur moi malgré mon état de santé. Je crois que je n'ai pas le droit de le décevoir. J'ai suivi de loin votre conflit avec les généraux. Je crois que vous aviez en grande partie raison sur la conduite de nos jeunes frères militaires. Maintenant que je viens de trancher ce problème par la nomination du général Mahele et de nouveaux responsables des unités des FAZ, je vous demande de m'aider. Vous êtes en train de faire des dépenses énormes et inutiles sur les mercenaires. Moi je connais mes soldats : il leur faut leur prime de guerre avant de quitter Kinshasa pour le front. Si vous remettez à chaque soldat 300 dollars américains qu'il laisse à son épouse et à sa famille avant de partir en guerre, et si vous lui promettez 200 dollars de prime dès son arrivée au front, vous verrez de quel bois se chauffent mes militaires ! Ce qu'il faut en plus, c'est leur nourriture et leur encadrement".
Cette analyse du Maréchal Mobutu et la solution proposée pour la guerre de l'Est ne sont-elles pas encore valables aujourd'hui, 27 ans après ?'', s'est interrogé Thomas Luhaka Losendjola, ministre honoraire et opposant, membre du Front commun pour le Congo (FCC) plate-forme politique de l'ex-président de la République Joseph Kabila.
La Gazette du Continent
