Des Congolais se souviennent de Prosper Mandrandele Tanzi 50 ans après de sa brusque disparition.

Des Congolais se souviennent de Prosper Mandrandele Tanzi 50 ans après de sa brusque disparition.

Il y a 50 ans jour pour jour disparaissait, à l'âge de 40 ans, Prosper Mandrandele Tanzi, Directeur du Bureau Politique du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR). C'était le 12 février 1974. Il y a des hommes politiques dont on se dit qu’ils ne sont pas passés loin d’un grand destin et dont on regrette parfois que cela n’ait pas été le cas. C’est ce que raconte Benjamin Babunga Watuna, auteur et contributeur, économiste, agent de développement (humanitaire et action sociale), dans un texte de Jean-Claude Mombong. Il est également chercheur en politiques publiques et passionné d'histoire.

Prosper Mandrandele Tanzi est peut-être passé à côté d’un destin national, n’eut été sa mort précoce. Madrandele Tanzi était un talent intellectuel doté d’un esprit admirablement organisé et d’une clarté impressionnante de vigueur et d’exigence. Il aurait pu être le dauphin ou faire un adversaire redoutable face au Président Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko. Il était le véritable Vice-président de la République du Zaïre.

Directeur du Bureau Politique du MPR (Parti-Etat), il était le numéro deux du régime : après Mobutu, c’était lui (l’équivalent du Premier ministre). Le président Mobutu l’appréciait beaucoup et avait vu tôt en lui l’un des espoirs du Zaïre (il le confiait d’ailleurs en privé). C’était l’intellectuel lanceur d’idées, trentenaire brillantissime, il s’est imposé dans l’entourage et le sillage proche du Président Mobutu. C'est à Watsa (dans la région du Haut-Zaire) que Madrandele voit le jour en mars 1933. Ancien séminariste, il gravira tous les échelons du pouvoir.

Quand il passait à la télévision, c’était pour annoncer les décisions qui engageaient la vie des Zaïrois. C’est lui, par exemple, qui avait annoncé une série de mesures pour se détacher de tout ce qui rappelait l'Occident et sa domination : le changement du drapeau, de l'hymne national, l'interdiction du port des costumes, de la cravate, de la perruque, du pantalon pour les femmes et des prénoms occidentaux.

Sa mort a laissé des rumeurs de tout genre. Tout ce que l'on sait est que vers les années 1972-1974, le Maréchal Joseph-Désiré Mobutu a des rapports conflictuels avec l’Eglise catholique. En guise de réconciliation, un dîner officiel avait été organisé entre l’État zaïrois et les autorités religieuses, à Lubumbashi (Shaba).

La légende populaire a laissé entendre que sa mort fut provoquée par l’absorption d’un poison destiné au Cardinal Joseph-Albert Malula. Il se dit que le Cardinal Malula avait été averti de l’empoisonnement et demanda d’échanger les assiettes. Il prit l’assiette de Mobutu et lui remit la sienne. Le président Mobutu aurait alors glissé l’assiette empoisonnée à Madrandele Tanzi.

Le 12 février 1974, Mandrandele Tanzi, Directeur du Bureau Politique du MPR, décède à 40 ans. Au faîte du règne du MPR, l'opinion zaïroise fut habituée à entendre sa voix monocorde rendre compte d'importantes décisions, à travers la fameuse formule: "A partir d'aujourd'hui".

 

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