Il y a 49 ans, les Zaïrois étaient sacrés champions d’Afrique, le 14 mars face à la Zambie (2-0), conduits sous la direction de Blagoje Vidinic, réputé pour son sens aigu de la discipline.
Le sport est un véritable outil politique.
Le président Mobutu avait fait du football une cause nationale, l’équipe nationale était son outil politique ; dans les années 70, le Zaïre de Mobutu rayonnait, les projecteurs étaient braqués sur le grand Zaïre.
Une première CAN fut remportée en 1968, trois ans après son coup d’état militaire.
Le sport est bien plus qu’une compétition et divertissement, les victoires sportives sont le fruit d’un choix politique et, ont un lien avec la grandeur politique, économique et culturelle d’un pays.
Sport et politique sont intimement liés, le président Mobutu avait très bien compris l’intérêt politique que représentait le sport, c’est dans ce contexte d’ailleurs qu’il avait organisé, le combat du siècle entre Muhamed Ali et Georges Foreman, en 1974.
Il savait que les victoires et les manifestations sportives étaient perçues comme des indices de la vitalité d’un peuple, et aussi un moyen d’asseoir le prestige national ; il s’agissait pour lui de légitimer davantage son pouvoir et de démontrer son leadership politique en Afrique. Cette victoire des Léopards fut perçue comme celle du président en personne, les Zaïrois étaient fiers d’être zaïrois et unis autour d’un seul chef, un seul drapeau, un seul hymne national, un seul parti et une grande Nation. Sur le tableau d’affichage, le Zaïre a enregistré un regain d’attrait en Afrique. Véritable outil, les politiques n’hésitent plus à utiliser et exploiter le football à des fins politiques.
Dans ce grand Zaïre multiethnique, cette victoire avait forgé le sentiment national, le patriotisme et affirmer l’identité zaïroise.
Que sont devenus nos Héros en crampons ?
Après le sacre, le retour des héros.
Ils ont traversé les rues de Kinshasa, avec le précieux trophée Moseka, acclamés par des milliers de kinois.
Mobilisation générale, scènes de liesse et joie collective à travers tout le pays, ils seront reçus à Mont-Ngaliema par le président Mobutu, ils sont faits chevaliers de l’ordre national du Léopard par le chancelier des ordres nationaux, le général Lundula, au stade du 20 mai, la nationale devant des milliers de zaïrois et tout le gotha politique. L’orchestre Sosoliso du trio Madjesi avait égayé la cérémonie.
Mais que sont devenus nos champions, 49 ans après ?
Ils ont pris des trajectoires bien différentes et vivent dans le plus grand dénouement.
La liste n’est pas exhaustive, mais Kibonge, Mayanga, Kakoko,Kidumu, Bwanga vivent en Europe.
Kazadi, Mavuba, Mwepu ,Kembo , Kabasu, Ndaye , Tubi, Kilasu sont décédés , ceux qui sont vivants vivent dans des conditions les moins humaines.
Mana et Lobilo sont en vie.
Kabasu Babo décédé le 30 janvier 2022.
Jean-Claude Mombong