Le Président du Conseil d’administration (PCA) de l'Odep et modérateur du partenariat Société civile - IGF, Florimond Muteba a pris la décision de démissionner de ses fonctions de modérateur du partenariat il y a deux mois.
C'est ce qu'annonce un communiqué de l'Observoire de la dette publique (Odep) daté du 6 janvier 2025 à Kinshasa et co-signé par son directeur exécutif Jacques Katshelewa.
Depuis lors, Florimond Muteba a pris l’initiative d’assurer l’intérim de la modération jusqu’à la désignation de mon successeur. À présent, l'Odep se retire totalement du partenariat, mettant ainsi fin à sa mission d'intérim en tant que modérateur. Il ne fait aucun doute que le geste de l'Odep va soulever des interrogations.
"Je renvoie les lecteurs au dernier rapport de l'Odep, intitulé: « Le bilan de la Gouvernance Budgétaire du Président Félix-Antoine Tshisekesi de 2022 à
2025 », qui met en lumière les éléments d'un budget irréaliste et non crédible, des dépassements budgétaires, la persistance des fléaux de la corruption et des détournements, les marchés de gré à gré, une budgétisation incomplète, des dépenses irrationnelles, ainsi qu'une longue absence de plan
de développement".
En renvoyant le lecteur à son rapport, Florimond Muteba profite de cette occasion pour informer l'opinion publique des conditions particulièrement difficiles dans lesquelles nous avons élaboré ledit rapport. En effet, le site internet du ministère du Budget ne publie plus les états de suivi budgétaire. Face à cette Difficulté, l'Odep a pris l'initiative de recruter des consultants parmi les experts les plus compétents des institutions et des ministères, en mobilisant les ressources propres de l'Odep.
Il s’agit d’une forme de guérilla intellectuelle qui représente l’une des approches du contrôle citoyen que seuls les néophytes de cette forme de contrôle peuvent contester.
Qui ignore que les chiffres officiels relatifs à la reddition des comptes sont très souvent maquillés ? Ils sont donc plus contestables que ceux fournis par un rapport privé.
Il suffit de rappeler qu'au Brésil, une présidente de la République a été destituée pour avoir maquillé les comptes de l'État.
Il y a deux ans, lorsque l'Odep a adhéré à ce partenariat, l'Inspection Générale des Finances (IGF) jouissait de la pleine confiance du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi.
Quelle est la situation aujourd'hui ?
La patrouille financière, un mécanisme crucial de contrôle a priori, a été supprimée. Ce dispositif avait contribué à prévenir la corruption et les détournements, tout en optimisant la mobilisation des recettes publiques, passant de 4 milliards de dollars américains sous le régime du président Joseph Kabila à 9,6 milliards en 2023. Plutôt que de renforcer cette dynamique positive, le président Félix-Antoine Tshisekedi a pris la décision de supprimer cet outil stratégique, facilitant ainsi les agissements des nombreux prédateurs au sein de son entourage.
La mise en place d’un dédoublement de l’IGF en collaboration avec l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), impliquant un groupe de personnes peu expérimentées dans le domaine des finances publiques, risque de porter un coup sérieux à l’efficacité du système de contrôle national. Le budget alloué à son fonctionnement prive en effet les institutions essentielles de contrôle des ressources nécessaires pour renforcer la gouvernance budgétaire du pays. Cette initiative semble principalement destinée à favoriser des recrutements au sein d’un réseau de relations proches de la famille biologique du président, de l’UDPS et de l’Union Sacrée, dans un contexte de népotisme, ce qui pourrait compromettre l’intégrité de l'IGF, de la Cour des Comptes, de la CENAREF, de l’ARMP et d’autres institutions clés chargées du contrôle et de la régulation.
Le climat politique, économique et social global est particulièrement dégradé, marqué par une insécurité généralisée et des violations des libertés d’expression.
De nombreux leaders d’opinion sont agressés et réduits au silence, avec plusieurs d’entre eux emprisonnés. La crise liée au projet de troisième mandat du président Félix-Antoine Tshisekedi persiste, tout comme la crise humanitaire, avec 7 millions de déplacés de guerre qui survivent grâce à une aide budgétaire de seulement 150 FC par an chacun (rapport de l’Odep n°009/ODEP/JUIN/2024 du 4 juin 2024.
Dans ce contexte, soutenir aujourd'hui le partenariat IGF-Société civile revient à soutenir une IGF gravement affaiblie, sabotée par un petit groupe de prédateurs et de corrompus, amis et proches du président Félix-Antoine Tshisekedi. Cela revient également à soutenir l'autorité de tutelle, devenue l'un des principaux artisans de la dégradation de l'IGF, et à cautionner l’impunité croissante qui protège les nombreux prédateurs qui l’entourent.
La situation personnelle du PCA de l’Odep
L'Odep met un terme au paradoxe qui consistait à offrir, même de manière
indirecte, un soutien aux auteurs d'agression et aux responsables de l'atteinte à l'intégrité de son PCA, au travers d'un outil placé sous sa tutelle. Un outil que le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, s'efforce actuellement de démanteler. La tentative d'agression de sa résidence, survenue la nuit de Noël, reste vivement ancrée dans toutes les mémoires.
Que deviennent les relations Odep -I IGF ?
Par principe, l'Odep apporte son soutien à l'ensemble de son système national de contrôle, dont l'Inspection Générale des Finances (IGF) fait partie. Ce principe demeure, ce qui implique un soutien minimal, en dehors du cadre du partenariat.
Recommandations au président de la République et au gouvernement Réhabiliter la patrouille financière de l'IGF, un dispositif ayant démontré son efficacité à travers des résultats remarquables sous divers aspects.
Mettre un terme au dédoublement de l’IGF avec l’ANR, qui constitue un gaspillage des ressources dont ni la RDC, ni notre système de contrôle national n'ont besoin.
Mettre fin aux initiatives égoïstes qui risquent de détruire davantage la paix, car elles ne favorisent ni le développement économique ni le progrès social du pays, et ne contribuent pas à la mise en place d'une gouvernance budgétaire capable de mobiliser 18 milliards de dollars en 2025, soit le double des
recettes collectées en 2022 et 2023, estimées à environ 9,8 milliards.
Combattre et résorber la crise humanitaire, organiser une conférence sur cette crise et mobiliser la communauté nationale, africaine et internationale pour son financement.
La Gazette du Continent.