Le 21 octobre 1993, le président burundais Melchior Ndadaye est assassiné avec certains de ses collaborateurs.
Son assassinat , juste 100 jours après son investiture à la tête du pays, a conduit le petit pays de la région des Grands-Lacs vers 15 ans de guerre civile.
Melchior Ndadaye avait remporté l’élection présidentielle contre le président Buyoya le 1er juin 1993 avec environ 65% des suffrages.
Son assassinat le 21 octobre marquera le début d’une guerre civile sanglante sur fond de massacres qui va coûter la vie à plus de 300 000 Burundais. Il était assassiné avec certains de ses collaborateurs, le président de l’Assemblée nationale , son vice-président Pontien Karibwami , Gilles Bimazubute, le ministre de l’Intérieur Juvénal Ndayikeza et le chef de la sureté, Richard Ndikumwami.
Comment le président a-t-il été tué ?
Depuis quelques heures déjà, la rumeur s’est faite insistante au sein de l’armée burundaise. Le 20 octobre 1993, le major Dieudonné Nzeyimana, chef des renseignements de la gendarmerie, informe ses supérieurs qu’à Bujumbura, la tension est perceptible parmi les soldats. Vers 16 heures, le même jour, le major Isaïe Nibizi, commandant du 2e bataillon commando, demande à rencontrer d’urgence le chef de cabinet du président Melchior Ndadaye, Frédéric Ndayegamiye, pour l’informer que des éléments du 1er bataillon parachutiste et du 11e bataillon blindé sont très excités, qu’ils préparent un coup d’État et ont l’intention d’arrêter certaines personnalités politiques.
Le commandant ajoute qu’il a déjà informé l’état-major général de l’armée qu’un putsch semble imminent. Il demande donc à Ndayegamiye de lui fournir un véhicule banalisé afin de procéder à une tournée d’inspection des unités concernées. Le chef d’état-major des Forces armées burundaises, le colonel Jean Bikomagu, se veut malgré tout rassurant. Il indique s’être rendu en personne à la caserne du « 1er Para » et n’avoir rien constaté d’anormal. Pourtant, la rumeur continue de se propager à travers Bujumbura…
À 17 heures, le conseiller politique et diplomatique du chef de l’État est informé par le chef d’état-major de la gendarmerie que le 11e Para et le 11e Blindé fomentent un putsch pour le lendemain. Il essaie de prendre contact avec le ministre de la Défense, le lieutenant-colonel Ntakije, qui assiste au conseil des ministres. En vain. De partout, le même renseignement afflue : un coup d’État est sur le point de viser le président Melchior Ndadaye.
Il est à peine deux heures du matin, ce jeudi 21 octobre à Bujumbura quand le garde du corps Ndabaraza Pierre est réveillé par des crépitements de balles.
Il voit un blindé léger se diriger vers le portail du palais présidentiel. Les putschistes donnent l’assaut à la présidence. Les échanges de coups de feu vont durer plus de 45 minutes. Des obus tirés par les putschistes finiront par détruire une partie du palais.
Vers 8h du matin, un blindé de la garde présidentielle emmène Melchior Ndadaye et sa famille « pour les protéger » : une protection qui se révèle être un traquenard pour le président. Si sa femme et ses enfants trouveront refuge à l’ambassade de France, lui va connaître le pire.
Son aide de camp lui propose de le déposer dans son quartier d’origine où il aurait pu trouver des gens pour le cacher mais le président refuse.
Il a décidé de continuer à faire confiance à sa garde présidentielle d’où le choix de se rendre au camp Muha, siège de la garde présidentielle de l’époque à Bujumbura.
Erreur d'appréciation, ces gardes étaient complices , à peine arrivé à l’intérieur du camp, les putschistes encerclent la caserne.
Le président Ndadaye sera assassiné aux environs de 10h, il aura les vertèbres brisées. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard, enterré au cimetière de Ruziba au sud de la capitale.
Jean-claude Mombong