Après une dernière demi-journée de confusion sur la date du scrutin, l’horizon politique s’est subitement dégagé au Sénégal.
Le Conseil constitutionnel, qui avait proposé la veille au soir la date du 31 mars, s’est finalement aligné sur le décret du chef de l’Etat, Macky Sall, qui a convoqué les électeurs dimanche 24 mars pour le premier tour de la présidentielle. « La fixation de la date de l’élection et la convocation du corps électoral relèvent des prérogatives légales du président de la République », a indiqué Mamadou Badio Camara, le président de la juridiction qui, depuis un mois et le report, le 3 février, de l’élection, initialement prévue le 25 février, n’a cessé de rejeter les solutions proposées par Macky Sall.
Les décisions des juges constitutionnels n’étant pas susceptibles de recours, « on ne peut plus toucher à cette date », assure le professeur de droit Babacar Gueye, aussi membre de la plate-forme de la société civile Aar Sunu Election (« Protéger notre élection »). « Nous sommes déjà prêts. Tout le matériel électoral est disponible, les formations sont quasiment terminées et le Conseil constitutionnel a bien précisé que nous pouvons utiliser les bulletins prévus pour le 25 février », rassure une source à la Direction générale des élections, alors que le Sénégal est dans l’attente d’un nouveau gouvernement et que la campagne officielle s’ouvre samedi.
Le premier ministre sortant, Amadou Ba, a déjà été remplacé par le ministre de l’intérieur, Sidiki Kaba, afin de se concentrer sur sa stratégie. Tout comme les dix-huit autres en lice pour le premier tour de cette élection. Ils n’auront que treize jours pour tenter de convaincre les électeurs, alors que le scrutin semble des plus ouverts. Le code électoral en prévoit vingt-et-un mais « la situation est exceptionnelle, donc le conseil peut s’adapter et modifier la législation pour faire en sorte que le vote puisse se tenir. Il s’agit de sauver l’élection présidentielle », souligne le professeur Babacar Gueye.
Selon leurs avocats, tous deux doivent bénéficier de la loi d’amnistie générale votée dans la controverse le 6 mars au soir. Celle-ci concerne tous les délits ou crimes commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, jugés ou non, « se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques ».
« Il appartient à la justice de libérer Bassirou Diomaye Faye quand la promulgation de la loi sera faite », explique son avocat, Moussa Sarr, alors que celle-ci ne peut juridiquement entrer en vigueur que six jours après son vote, le temps laissé à d’éventuels recours. « Le procureur peut aussi décider de le libérer avant le début de la campagne », espère toutefois un proche de Bassirou Diomaye Faye. Le mois écoulé n’a pas été avare de rebondissements.
La Gazette du Continent avec l’AFP