Des affrontements ont fait au moins quinze morts, à Dakar alors que le principal rival de Macky Sall pour la présidentielle a été condamné à deux ans de prison qui pourraient le rendre inéligible.
En Afrique, la justice est instrumentalisée par l’exécutif contre les opposants, il n’est pas facile d’être opposants. Toutes les contestations sont muselées.
L’arrestation d’Ousmane Sonko peut intervenir à tout moment, sans délais, a assuré Ismaïla Madior Fall, le ministre sénégalais de la Justice.
Au pays de Senghor et Cheikh Anta Diop, ces images de morts et d’arrestations qui passent en boucle sur les chaînes de télévision, formeront une tache indélébile sur le président Macky Sall, une sorte de tatouage.
Nul n'a le droit déchiré tout un pays pour s'assurer un destin personnel.
"Il vaut mieux partir cinq ans tôt qu'une minute trop tard", disait le général de Gaulle.
Tout homme tend à aller jusqu'au bout de son pouvoir, si on ne l’arrête pas. Ce n'est pas nouveau, en Afrique, l'accession au pouvoir comme la manière de le quitter sont régies par l'arbitraire, la violence, la corruption, l'achat des consciences et le clientélisme.
Il arrive très souvent que l'histoire explique le présent, le président Macky Sall tombera pour avoir voulu toucher la constitution afin de jouer aux prolongations.
Bizarrement, c'est toujours les mêmes avec les mêmes arguments et slogans qui reviennent : les caciques, les courtisans, les thuriféraires, qui exhortent le chef de l'État à poursuivre sa tâche.
Et pourtant, les règles sont faites pour être respectées, personne n'est irremplaçable ou indispensable, l'Afrique du Sud a su se passer de Nelson Mandela.
Que sont devenus les Robert Mugabe, Yayha Jammeh, Ben Ali, Blaise Compaoré, Alpha Condé ?
Des blocages institutionnels, des dérapages, des crises politiques en Afrique sont souvent dus à la seule volonté d'un chef d'État de vouloir rester au pouvoir, quitte à partir dans des conditions humiliantes ou tragiques.
Le civisme constitutionnel se forge quand les élites politiques respectent les règles du jeu, tout homme ayant le pouvoir est porté à en abuser et soucieux de le conserver.
Pourquoi ne tirons-nous pas les leçons des échecs du passé et persévérons toujours dans l'erreur, pourquoi les règles du jeu démocratique une fois posées, s'en affanchit-on ?
Triste réalité !!
Jean-Claude Mombong