Sud-Kivu : l'abattage illicite des hippopotames favorise le commerce des canines

Sud-Kivu : l'abattage illicite des hippopotames favorise le commerce des canines

La Société civile environnementale (SOCEARUCO/Sud-Kivu), par son président Josué Aruna, a officiellement écrit au directeur provincial de l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) Sud-Kivu pour s’indigner contre les mesures d’abattage de l’espèce d’hippopotames dans le territoire de Fizi, village de Simbi.

Elle qualifie cette mesure contraire à la loi n° 14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature.
Toutefois, la Société civile environnementale du Sud-Kivu encourage toutes les autres méthodes nécessaires de refoulement selon la loi congolaise sur la conservation de la nature et dont la responsabilité est donnée à l'ICCN.
L'article 78 de ladite loi dispose que toute personne qui tue, blesse, capture ou détient un spécimen d’une espèce de faune sauvage protégée et visée aux articles 7 et 13 de la même loi sera punie d’une servitude pénale d’un an à dix ans et d’une amende de cinq millions à vingt millions de francs congolais ou de l’une de ces peines seulement.
Vu la situation que traverse le village de Simbi dans le territoire de Fizi suite aux menaces des hippopotames qui détruisent les champs et exposent la vie humaine de la population de ce village, la Société civile environnementale lance un appel aux organes compétents qu'est l'ICCN de constituer une mission de refoulement et de prendre d’autres mesures d’urgence pour assurer la sécurité de la population et sauvegarder l’espèces dans son écosystème contrairement à cette demande de l’abattre.
L'abattage des hippopotames est devenu une pratique courante au bord du lac Tanganyika et dans la plaine de la Ruzizi jusque du côté du territoire de Fizi. Cette partie de la République Démocratique du Congo est une zone de ce que "nous appelons le "hot spot" de la biodiversité dans le Rift Albertin.

En d'autre terme, c'est une zone chaude de la biodiversité ou l'on retrouve la présence des espèces rares qui sont sur la liste rouge de l'Institut Congolais de la Conversation de la Nature (ICCN).
Du coup, l'espèce hippopotame est classée comme une espèce vulnérable. Donc, la vulnérabilité de cette espèce est liée aux menaces qu'elle est en train de connaître, a fait remarquer Aruna.
"Ça fait déjà plus de 3 ans que les hippopotames sont tués sous l'oeil impuissant des autorités malgré la loi sur la conservation et la loi sur la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) parce que l'objectif de tuer n'est pas les menaces. Les autorités locales se cachent derrière les menaces. Elles commercialisent les canines et les trophées des hippopotames, ce sont ces canines qui remplacent le commerce d'ivoire dans la sous-région", denonce-t-il.
"Des commerçants clandestins viennent de la sous-région et récupèrent les canines des hippopotames pour en faire le commerce. Voilà pourquoi nous nous disons que cette approche où ce sont des militaires, qui au lieu d'utiliser les munitions pour d'autres faits liés à l'intégrité du territoire national mais ils les utilisent pour abattre les hippopotames. Au niveau de la société civile environnementale provinciale, nous nous indignons parce que ce n'est pas ça la mission régalienne de ceux qui ont abattu mais aussi les autorités locales ne devraient pas écrire une lettre adressée au procureur de la République pour demander directement l'abattage sans qu'il y est une enquête menée par l'Institut congolais pour la conservation de la nature qui gère la Convention de la Cites et aussi la coopération provinciale de l'environnement".
Les deux institutions devraient diligenter une mission pour faire une enquête sérieuse afin d'établir les faits. Il y a des mécanismes légalement établis et légalement connus quand il y a des menaces pareilles. D'ailleurs, c'est une zone qui est en dehors de l'aire protégée ou même la loi s'insurge sur la question d'abattage des espèces rares qui sont en dehors des aires protégées. Donc, il y a un mécanisme qui devrait être fait notamment le mécanisme de refoulement par les autorités compétentes, notamment l'ICCN qui devrait aller avec la coopération de l'environnement et procéder au refoulement de l'espèce dans son milieu naturel.
Autre chose, c'est de voir est-ce que ce sont les espèces seulement qui empiètent ou qui ravagent les champs des communautés ou bien ce sont les communautés qui sont allées les zones de récréation des espaces ? Donc, ça ce sont des questions qui nécessitent quand même une enquête sérieuse au niveau des institutions habiletées.
"Voilà pourquoi nous nous proposons autres mesures pour protéger les espèces. Nous continuons à faire le lobbying et un plaidoyer au niveau de l'Etat congolais pour voir dans quelle mesure il peut ériger des aires et des réserves communautaires dans cette zone qui ferait à ce que les espèces ne continuent pas à être considérées comme une menace à la population mais aussi une opportunité en termes d'écotourisme".
Au niveau de cette organisation, ses membres ont commencé à créer des sites touristiques au niveau de la plaine de la Ruzizi et où les visiteurs trouvent une trentaine de troupeaux de l'hippopotame et c'est visitable. "Vous payez quelque chose et qui entre dans la caisse de la communauté et ça crée des économies. Ça crée des emplois. Voilà pourquoi, c'est cette manière que nous devrions réfléchir".
L'Etat congolais devrait réfléchir pour chercher le mécanisme de créer des emplois et de faire des économies vertes en utilisant la présence de cette espèce comme un moyen de créer de l'emploi et la valorisation des écosystèmes du bassin du Congo. C'est de cette façon que la société civile environnementale est contre cette approche d'abattre ces hippopotames.
"Vous savez que la présence des hippopotames au niveau du lac Tanganyika est un bénéfice écologique parce qu'ils contribuent à l'équilibre même de l'écosystème du lac Tanganyika et de toutes les zones humides qui sont environnantes mais aussi la présence de l'espèce. "Les excréments que ces hippopotames sont en train de jeter dans l'eau conditionnent la multiplication des poissons. Si cette espèce est perdue, on aura plus assez de poissons dans le lac Tanganyika comme nous les avons aujourd'hui".
Et donc, il y a un intérêt économique et il y a un intérêt écologique. Il faut préserver l'espèce mais pour que "l'Etat nous aide, nous devons établir le mécanisme de mettre en place des réserves communautaires où on ferait la limitation des zones de récréation des hippopotames. Par conséquent, on ferait de clôture même électrique pour empêcher l'espèce d'aller au-delà de sa zone de récréations et limiterait le conflit et le braconnage qu'on est en train de connaître aujourd'hui sous prétexte d'avoir menacé la population. Mais aussi sous prétexte d'être abattus par des hommes qui portent des armes".


La Gazette du Continent.

 

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