Le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) à travers Ebuteli, a publié le 5 août 2024 son rapport intitulé "la résurgence du M23 : rivalités régionales, politique des donateurs et blocage du processus de paix", affirme que les causes de la résurgence de la rébellion du M23 sont principalement extérieures à la RDC.
Depuis novembre 2021, les rebelles du M23 ont refait surface. Avec le soutien du Rwanda, ils occupent désormais de larges pans de la province du Nord-Kivu, dont plusieurs grandes agglomérations, et ont provoqué le déplacement de plus de 1,7 million de personnes.
Le rapport soutient que le facteur le plus important de la résurgence du M23 était initialement la relation tendue entre les gouvernements ougandais et rwandais. En 2021, Kinshasa et Kampala ont mis sur pied des partenariats économiques et sécuritaires. Cela a contribué à donner à Kigali le sentiment d’être marginalisé dans la région et de voir ses intérêts menacés. Ce sentiment d’isolement a été l’un des principaux moteurs de son soutien au M23.
Ainsi, contrairement aux récits du gouvernement rwandais et du M23 affirmant que la rébellion est apparue en réponse au soutien du gouvernement congolais aux FDLR et à la violence et aux discriminations contre les Tutsi, ce rapport suggère que ces dynamiques sont davantage des conséquences que des causes de la résurgence du M23. Il n'y a guère de preuve d’une recrudescence des violences anti-Tutsi au Nord-Kivu avant la résurgence du M23.
Par ailleurs, la montée en puissance du M23 a renforcé ces tensions ethniques et les discriminations plus qu’il ne les a empêchées.
Ensuite, la faiblesse de l’État congolais a aggravé cette crise. Confrontées à une pression militaire du M23 et de l’armée rwandaise, les Forces armées de la RDC (FARDC) n’ont pas été capables de surmonter cette situation. Le gouvernement congolais a recouru à des entreprises privées et a collaboré avec des groupes armés étrangers et locaux. Or ces groupes - tout comme le M23 - recrutent principalement sur une base ethnique, ce qui a aggravé les tensions communautaires et régionales.
Sur le terrain diplomatique, le processus de Nairobi a été confronté à une contradiction fondamentale entre les intérêts des États participants. Tandis que le processus de Luanda, impulsé par l’Union africaine, a récemment permis d’obtenir un cessez-le-feu, il a fait peu de progrès vers une résolution durable de la crise pour l’instant.
Bien que le gouvernement congolais ait récemment proposé un plan pour démanteler les FDLR dans le cadre du processus de Luanda, ce qui est nécessaire, le rapport suggère que cela ne sera probablement pas suffisant pour mettre fin à cette crise.
Cette étude constate aussi que, même si tous les principaux donateurs ont fini par condamner le Rwanda pour son soutien au M23, la position du Rwanda sur la scène internationale n’a été que peu affectée par son implication. Kigali n’a, jusque-là, pas eu à souffrir de conséquences matérielles. La puissance militaire du Rwanda, qui lui a permis de devenir un allié important des Occidentaux et un acteur clé du système des Nations unies en Afrique, est certainement parmi les raisons de cette indulgence.
Compte tenu du rôle que le Rwanda joue dans cette crise, une pression accrue, notamment financière, est la première étape la plus évidente pour y remédier. Du côté congolais, il est notamment impératif que la réforme du secteur de la sécurité soit menée. Le gouvernement doit transformer les FARDC, qui servent largement à distribuer des privilèges et extraire des ressources, en un véritable service public.
La Gazette du Continent