Nord-Kivu : tensions sur la route Butembo-Manguredjipa, dénonciation des tracasseries policières

Nord-Kivu : tensions sur la route Butembo-Manguredjipa, dénonciation des tracasseries policières

Les conducteurs empruntant la route Butembo-Manguredjipa ont exprimé leur exaspération face aux tracasseries policières auxquelles ils font face sur le trajet.

Le lundi 11 novembre 2024, des conducteurs de voitures et de motos se sont plaints des exigences de paiement non officielles au poste de contrôle de Mambembe, à 80 kilomètres à l’ouest de Butembo.

Les usagers accusent les services de sécurité basés à ce poste de leur imposer des frais pour le déchargement de leurs véhicules sans aucune justification légale. En plus de ces frais illégaux, ils rapportent la prolifération de barrières sur la route qui seraient installées en dépit des instructions du gouverneur de province exigeant leur retrait.

Selon les témoignages recueillis sur place, ces multiples obstacles allongent considérablement le temps de trajet et augmentent les frais de transport, un fardeau supplémentaire pour les conducteurs. Les usagers dénoncent ces pratiques qu’ils qualifient d’extorsion, et appellent à l’intervention des autorités pour ramener l’ordre.

En réaction, les associations de chauffeurs et de transporteurs de la région exhortent les autorités militaires à intervenir pour démanteler ces points de contrôle illégaux et restaurer la libre circulation. La société civile locale se joint à cet appel, fustigeant une pratique qui aggrave la précarité des transporteurs.

De son côté, un responsable du secteur de Bapere a confirmé les pressions exercées par des groupes armés locaux, notamment les Wazalendo basés à Fatua, qui imposent aux voyageurs une taxe appelée "restauration militaire". Les conducteurs, déjà soumis aux frais imposés par les autorités, sont ainsi confrontés à une double extorsion.

Les habitants de cette région, déjà fragilisée par l’insécurité, craignent que la persistance de ces pratiques ne décourage davantage les activités économiques et les échanges commerciaux.
Les tensions autour de ces tracasseries policières et extorsions viennent s'ajouter à une longue liste de difficultés qui minent l’économie locale, déjà affectée par l'insécurité et la précarité. De nombreux commerçants et producteurs locaux, dépendants de cette route pour écouler leurs marchandises, voient leur activité impactée, avec des coûts de transport en hausse qui se répercutent sur les prix des produits vendus.

Malgré les appels répétés des associations de transporteurs et des usagers de la route, les autorités semblent peiner à prendre des mesures concrètes pour éliminer ces pratiques abusives. La persistance de ces tracasseries met en lumière une certaine impunité et un manque de contrôle de la part de l’administration, ce qui exacerbe le sentiment de frustration et d’abandon ressenti par la population locale.

Des efforts de répression plus conséquents sont donc demandés pour lutter contre la prolifération de ces barrages non officiels et l’instauration de frais illégaux qui entravent la mobilité et l’activité économique dans cette région. La restauration de la libre circulation sur les routes comme celle de Butembo-Manguredjipa devient essentielle pour préserver le tissu économique local et la sécurité des habitants.

Au-delà de la simple répression, certains acteurs de la société civile soulignent également l’importance d’améliorer les conditions de vie et de travail des agents de sécurité, souvent sous-payés et mal encadrés. Une meilleure prise en charge de ces agents pourrait contribuer à réduire la corruption et améliorer l’efficacité de la sécurité dans la région.

Face à cette situation, plusieurs habitants ont déjà commencé à envisager des moyens alternatifs pour transporter leurs marchandises, même si cela implique des itinéraires plus longs et plus coûteux. La persistance de cette situation pourrait, à terme, isoler davantage cette région du Nord-Kivu, limitant ses opportunités de développement économique et social.

Magloire Mutulwa

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