La Coordination de l’Alliance Fleuve Congo-M23 (AFC-M23) a salué le lundi 26 mai 2025 l’arrivée à Goma de l’ancien président de la République Démocratique du Congo (RDC) et sénateur à vie, Joseph Kabila Kabange. L’annonce a été faite via un communiqué signé par Corneille Nangaa, coordinateur du mouvement, et lu sur les ondes de Radio Kivu 1 par Magloire Paluku, également membre de cette coalition politico-militaire.
Dans ce communiqué, la coalition exprime son « immense satisfaction » face à cette visite qu’elle considère comme un acte symbolique fort. L’ancien chef d’État, désigné dans le texte sous les initiales « J.K.K. », est présenté comme une figure légitime et bienvenue dans cette zone de l’Est de la RDC, désormais qualifiée de « libérée » par le M23 et l’AFC. Le message souligne aussi que plusieurs délégations et personnalités venues de divers horizons se sont déjà rendues à Goma pour constater les efforts du mouvement en matière de sécurité des personnes et de leurs biens.
Le porte-parole militaire du M23, Willy Ngoma, a relayé l’annonce avec emphase, décrivant Kabila comme « le respecté et respectable ancien chef d’État » et « le soldat du peuple ». Son homologue politique, Lawrence Kanyuka, a renchéri via X (anciennement Twitter) en souhaitant à l’ancien président « un agréable séjour dans les zones libérées ».
Cette visite présumée intervient dans un contexte chargé. En avril dernier, Joseph Kabila avait surpris l’opinion en annonçant son retour en RDC « par la partie orientale », une zone sous le contrôle de la rébellion du M23. Pourtant, à ce jour, aucune image, déclaration ou apparition publique n’a permis de confirmer formellement sa présence sur le sol congolais. Une absence de visibilité qui interroge, notamment au regard de la stature de l’homme, habitué à un protocole médiatique plus affirmé.
La situation politique s’est encore tendue après la levée, le 22 mai 2025, des immunités parlementaires de Joseph Kabila. Le lendemain, l’ancien président dénonçait la « dictature » du régime actuel dirigé par Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et annonçait qu’il se rendrait « dans les prochains jours » à Goma, sans fournir davantage de détails.
Kinshasa, de son côté, observe cette manœuvre avec inquiétude. Les autorités congolaises soupçonnent l’ancien chef de l’État d’entretenir des liens étroits avec l’AFC-M23, un groupe qualifié d’antigouvernemental par le pouvoir central. À ce stade, aucune réaction officielle n’a été rendue publique, mais la méfiance est palpable.
Tandis que Goma reste sous l’emprise de la coalition rebelle, cette visite, réelle ou symbolique, de Joseph Kabila soulève une série de questions sur les rapports de force en RDC, sur fond de crise sécuritaire persistante et de recomposition politique à l’horizon de nouvelles échéances nationales.
La Gazette du Continent.
