La scène politique de la République Démocratique du Congo est à nouveau secouée par une affaire de détournement présumé de fonds publics impliquant un haut responsable de l'État.
Moins de 48 heures après la condamnation de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds liés au parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, c’est Constant Mutamba, actuel ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, qui est dans la ligne de mire de la justice.
Le procureur général près la Cour de cassation a officiellement saisi, le mercredi 21 mai 2025, le bureau de l’Assemblée nationale pour solliciter la levée des immunités parlementaires de Constant Mutamba, en vue de l’engager dans une procédure judiciaire.
Au cœur du dossier, un détournement présumé de 39 millions de dollars américains alloués à un projet de construction d’une prison centrale moderne à Kisangani. Le parquet affirme que 19 millions de dollars américains de cette somme auraient été indûment transférés à une société privée, Zion Construction SARL, créée seulement en mars 2024. Ce montant proviendrait du fonds de réparation des victimes des exactions ougandaises en RDC, en vertu de l’arrêt de la Cour internationale de justice.
Selon le réquisitoire du procureur, les indices relevés seraient suffisants pour engager une instruction contre le ministre, d’autant plus que les fonds ne seraient ni utilisés ni restitués à ce jour. En réponse, une commission spéciale parlementaire a été constituée à l’Assemblée nationale afin d’auditionner le ministre et de statuer sur la recevabilité de la requête judiciaire.
Pour sa part, Constant Mutamba rejette catégoriquement ces accusations. Selon ses déclarations relayées par le Journal de Kinshasa, le ministre affirme que les fonds n'ont pas été détournés, mais qu’ils restent bloqués sur un compte séquestre, dans l’attente du respect des procédures de décaissement prévues par l’État. Il dénonce ce qu’il qualifie de « cabale politique ».
L’affaire, qui tombe à un moment politique sensible, risque d’avoir des répercussions importantes sur la stabilité du gouvernement et la perception de la lutte contre la corruption dans le pays. L’opinion publique, déjà fortement polarisée, attend avec impatience les conclusions de la commission parlementaire.
Magloire Mutulwa