La reconnaissance du génocide congolais est une question taboue au niveau de la communauté internationale.
C'est pour raison qu’un groupe d’experts se réunissent pendant dix jours à Kinshasa pour construire un plaidoyer à l'international la reconnaissance du génocide commis en RDC. Cette table ronde est organisée par la Commission interinstitutionnelle d'aide aux victimes et d'appui aux réformes (CIA-VAR) et le Fonds National pour les Réparations des Victimes (FONAREV). Cet évènement revêt une importance capitale pour sensibiliser le public et mobiliser les décideurs en faveur d’une reconnaissance officielle des actes de génocide commis en République Démocratique du Congo (RDC). Une telle reconnaissance aurait des répercussions profondes sur les plans social, politique et juridique, à l’échelle nationale et internationale. Pour garantir l’efficacité et l’impact de cette table ronde, il est impératif de s’appuyer sur des éléments probants, étayés par des données scientifiques fiables et des arguments solides. Ces contributions serviront à défendre la notion du génocide pour des gains économiques (Génocost) lors des discussions et à promouvoir son inscription officielle dans les instances nationales et internationales.
Le coordonnateur exécutif adjoint de CIA-VAR, Blaise Ndombe, a déclaré que cette problématique de la reconnaissance du génocide congolais est la raison qui réunit le comité scientifique.
En 2022, le législateur congolais a cristallisé la question du génocide commis sur le territoire de la République Démocratique Congo en consacra une journée dédiée à la commémoration de ces victimes dont la journée Génocost qui est commémorée le 2 août de chaque année.
« Cette année, nous serons à la troisième commémoration parce que nous avons commencé à la commémorer depuis 2022. En 2023, les cérémonies officielles se sont déroulées à Kisangani dans la province de la Tshopo. Cette année, ça sera la troisième commémoration ». L'idée pour les travaux du comité scientifique consiste à travailler pour construire un plaidoyer qui permette à l'international la reconnaissance du génocide commis sur le territoire de la RDC mais aussi au niveau interne, « nous sommes en train de travailler pour faire en sorte que le peuple congolais se réapproprie cette calamité ou cette tragédie qui a été commise dans ce pays ».
Construction d'un narratif pour le plaidoyer du génocide congolais
Blaise Ndombe a relevé que depuis quelques temps «nous constatons une certaine politique dans la guerre d'agression qui nous est imposée consistant à exterminer les populations des zones données pour permettre aux autres qui sont en train d'arriver notamment les populations rwandaises de pouvoir prendre possession. Donc, une importation des populations sur le territoire congolais. Cela se fait aussi avec des visées de pouvoir prendre le contrôle des espaces miniers pour permettre une certaine exportation ou une exploitation illégale de nos ressources. Donc, il y a beaucoup de communautés qui ont été visées ». Le législateur congolais a pensé à un concept qu'on appelle le Génocost qui est en train d’être utilisé pour les commémorations.
Le Comité scientifique est en train de travailler pour finaliser la construction d'un narratif par rapport à cette question mais aussi et surtout préparer la table ronde qui portera l'appropriation culturelle de cette situation. L'idéal est de parvenir à ce que toute la population congolaise se rende compte de cette situation parce qu'elle a été victime. La population congolaise n'a pas besoin qu'elle se reconnaisse comme victime mais qu'elle prenne conscience de son état de victimes de cette calamité. Blaise Ndombe a indiqué qu’il ne faut pas attendre que la reconnaissance vienne d'abord des étrangers mais ce sont des Congolais qui souffrent. « Nous sommes victimes et c'est nous qui devons porter d'abord sur cette affaire devant la communauté internationale pour faire rétablir effectivement qu'il y a eu génocide au Congo. C'est une question qui est presque taboue dans le milieu international mais nous sommes engagés en tant que peuple et pouvoir aller jusqu'à la fin ».
Utilisation du concept génocide à la place des massacres à grande échelle
La professeur Sara Liwerant, directrice adjointe de l'école de criminologie en charge de la recherche et chercheur pense que les résultats de l'atelier qui démarre a pour objectif d'élaborer une stratégie nationale de reconnaissance et d'appropriation de ce concept. Pour elle, c'est un enjeu absolument fondamental à différents niveaux tant pour les victimes que la société congolaise en général et aussi au niveau international pour qu’il y ait une reconnaissance effective des actes de génocides qui ont été commis en RDC. Concernant le concept génocide, c'est toute la discussion et l'intersection entre la définition juridique et la définition des sciences sociales les définitions juridiques, a-t-elle fait savoir.
Ce sont des crimes internationaux comme génocide, crime contre l'humanité... « Donc, on ne va parler que de ces deux infractions. Il y a aussi le crime d'agression et les crimes de guerre. Alors qu'en sciences sociales, on parle plutôt de meurtres collectifs, de crime de masse, de démocide, de politicide. Toute la question, c'est de savoir comment désigner, qui désigne, comment on désigne, sans exclure justement certaines victimes ? »
Le professeur Luzolo Bambi Lessa a rappelé que le génocide congolais englobe un peu la représentation criminelle de toutes les atrocités que la RDC a connu mais face à ce génocide, on constate un silence international. « Nous construisons les éléments d'une table ronde nationale sur le génocide congolais de manière à armer la RDC et toute la population congolaise à en revendiquer la reconnaissance de génocide subi par des Congolais et d'en tirer toutes les conséquences nationales et surtout internationales pour résoudre ce déni du taux de victimisation très élevé de la République Démocratique du Congo ».
De 1993 à 2003, le projet de rapport Mapping reprend tous les crimes qui sont symbolisés par la date du 2 août 1998. Manifestement, la deuxième guerre qui a impliqué et qui a affecté le territoire congolais, a commencé le dimanche 2 août 1998. « C'est pourquoi, Nous avons retenu symboliquement cette date mais cela ne signifie pas que pour les atrocités pour lesquelles nous réclamons la reconnaissance de génocide ne date que de 1998. C'est à partir de 1993. Tous les faits comprennent le projet de Mapping jusqu'à aujourd'hui parce qu'au moment nous parlons les crimes sont en train de se remettre dans la partie orientale de la RDC ».
La Gazette du Continent.