Le 25 janvier 1955, Victorine Ndjoli Elonga passe le premier examen de conduite d’une voiture et obtient son permis de conduire.
Elle est la première titulaire du permis de conduire et première conductrice de l’histoire du Congo.
C’était une époque où l’on n’attendait pas cela d’une femme, mettre les pieds dans un domaine réservé aux hommes. Ça a été perçu comme quelque chose de hors normes, mais le personnage était déjà hors normes, m’a confirmé un membre de la famille.
Elle s’est aussi plus tard distinguée en étant une femme politique. En 1967, le président Joseph Mobutu créé le Mouvement Populaire de la Révolution, en sigle MPR, elle sera nommée Commissaire sous régionale, à Kinshasa dans la Circonscription de la Tshangu. C’est elle qui aurait créé la Tshangu, nom dérivé de la rivière Tshangu.
Victorine Ndjoli Elonga fut la première femme à avoir obtenu un permis de conduire avant l’indépendance. Elle a obtenu son permis de conduire le 25 janvier 1955 à Léopoldville (Kinshasa), le numéro 19863 lui avait été attribué par le directeur de l’École centrale des chauffeurs de l’époque.
Le jour de l’obtention de son permis de conduire, les journaux et la radio ne tarissaient pas assez d’éloges à propos de Victorine, plus connue par son sobriquet Vicky. C’était une grande fête dans toute la capitale, l'information passait à toute la longueur de la journée à la radio.
La soirée dansante s’était passée dans un dancing célèbre de Léopoldville, animée par l’African -Jazz de grand Kallé, il y avait des célébrités de l'époque : Maître Taureau, Sukami, Michel Yanke, Lilala avec danses telles que Rumba, polka-pike, swing, bolero, slow, pachanga etc...
Le danseur congolais de Brazaville Emile Gentil et le footballeur Mambeke étaient de la partie.
Qui est Victorine Ndjoli Elonga ?
Née le 12 mars 1933 à Léopoldville (Kinshasa), elle est issue d’une famille prestigieuse, elle est la troisième fille d’Antoine Ndjoli et d’Anango Njolo Okele Élisabeth.
Elle a fait ses études primaires et moyennes chez les Sœurs Fran-ciscaines (coupe et couture).
Dans les années 1950, les colons cherchent des jolies filles pour faire la publicité de leurs produits.
Sa beauté attire le regard d’un belge, elle fait la publicité des boutons, des habits, des chapeaux et les habits de nouveaux-nés, en 1953. Avec les mamans Kanzaku, Angembi, elles font partie d’une amicale des belles filles de l’époque.
D’une beauté exceptionnelle, les commerçants grecs de l’époque comme Blaise Papadimitriou, patron des éditions Loningisa et les établissements Simis faisaient appel à ces dames pour leurs publicités.
Elle deviendra le modèle pour une marque de bicyclette, pour le lait, les tissus et pagnes.
Elle a participé en 1955 à un concours de beauté organisé par Maitre Taureau, de son vrai nom François Ngombe Baseko, il était propriétaire d’une école de danse.
Lors du premier voyage du Roi des Belges Beaudoin, en 1955, Victorine Ndjoli était pressentie pour conduire le Roi Baudouin, refusant les avances d’une autorité coloniale, son nom a été écarté.
Elle était co-fondatrice d’une association « la mode lumière » avec Pius Bokanga qui réunissait toutes les beautés de la ville : Lutula Eugenie, Bompelie Marie-Josée, Pauline Mboyo Moseka la première épouse de Franco Luambo, etc..
Toutes les réunions de la « Mode Moziki »se tenait chez OK Bar où se produisait le groupe OK Jazz.
C’est d’ailleurs dans cette amicale que Luambo a connu Pauline qui deviendra sa première femme.
Madame Victorine Ndjoli sera immortalisée plusieurs fois dans des chansons, comme dans « Vivita », immortalisée par Franck Lassan en 1957.
Décédée le 27 février 2015 à Kinshasa, elle sera inhumée le 12 mars 2015 au cimetière de Bensenke Futi.
Jean-Claude Mombong