L’ONG Actions pour la Justice, le Développement et les Droits Humains (AJDDH) a exprimé, par son Coordonnateur provincial Jacques Issongo le 9 janvier 2025 à Kinshasa, sa profonde préoccupation face au maintien de la peine de mort dans le système judiciaire de la République Démocratique du Congo (RDC), en particulier à l’encontre des personnes condamnées pour des faits assimilés aux actes du banditisme urbains (Gangstérisme) "Kuluna".
"Nous sommes également inquiets des récents propos du ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des sceaux, Monsieur Constant Mutamba, qui, lors de ses visites en milieu carcéral, a tenu des déclarations publiques perçues comme dégradantes et contraires à l’éthique qui doit prévaloir dans une institution judiciaire respectueuse des Droits Humains".
Respect des engagements internationaux et nationaux
L’AJDDH rappelle que la RDC est partie à plusieurs instruments internationaux, notamment la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui proclame dans son article 3 que "tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté
de sa personne".
En droit interne, l’article 16 de la Constitution de la RDC dispose que "la personne humaine est sacrée. L’État a l’obligation de respecter et de protéger la vie". Ces dispositions rendent la peine de mort incompatible avec les principes fondamentaux de la justice et de la dignité humaine.
Atteinte à la dignité humaine
Au-delà des implications juridiques, la peine de mort constitue une atteinte
irréparable à la dignité humaine et perpétue un cycle de violence et d’injustice sociétale tout en privant les condamnés, parfois innocents, d’une chance de réhabilitation. Les solutions pérennes à l’insécurité doivent passer par des réformes structurelles et non par des mesures punitives extrêmes.
Les grandes religions du monde interdisent le meurtre et appellent à la réhabilitation plutôt qu’à la vengeance. Dans le christianisme, l’Évangile selon Matthieu (5:44) enseigne : "Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent". L’islam, dans le Coran (Sourate 5:32), déclare que "celui qui tue une âme sans raison équitable, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité".
Recommandations
L’AJDDH appelle le gouvernement congolais à proclamer un moratoire immédiat sur la peine de mort, avec pour objectif son abolition définitive, conformément à la résolution 62/149 de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui encourage un moratoire
universel sur les exécutions.
Cette ONG des droits de l'homme recomande de renforcer les capacités des institutions judiciaires et carcérales afin d’assurer une justice équitable et transparente, de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité, telles que la pauvreté,le chômage des jeunes et le déficit d’accès à l’éducation.
Et enfin, l'AJDDH recommande aux pouvoirs publics de promouvoir des programmes de réinsertion sociale, qui constituent des alternatives humaines et e`icaces à la répression.
Invitation à l’engagement citoyen
"Nous exhortons les organisations de la société civile, les partenaires au
développement et l’ensemble des citoyens à se joindre à cet appel en faveur de la vie et de la dignité humaine. La justice ne saurait se construire sur la vengeance, mais sur des bases éthiques et l’engagement à préserver l’humanité de chacun.
La Gazette du Continent.