Le directeur exécutif de l'ONG Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH), Me Hubert Tshiswaka Masoka, a adressé le 30 mai 2025 depuis la ville de Lubumbashi, province du Haut-Katanga, un mémorandum à Joseph Kabila, président honoraire de la RDC qui a rencontré le 29 mai 2025 les confessions religieuses, à Goma, Nord-Kivu.
A l’issue de cette réunion, il a sollicité les leaders religieux à soutenir sa mission de « la recherche de la paix en RDC ».
A l’instar de toute autre organisation de la société civile congolaise, l’IRDH se sent interpellé par sa sollicitation et amène à son attention l’avis ci-dessous, afin qu'il poursuive sa recherche de la paix et de la sécurité, en faveur des millions de Congolais, en proie à la guerre.
L’Institut partage une partie de sa critique sévère du pouvoir en place, élaborée dans son premier discours de Goma, du 23 mai 2025. Joseph Kabila avait dénoncé, autant que le font les partis politiques d’opposition, la tentative de modification de la Constitution, l’empirement de la gabegie financière, la poursuite d’une piètre gouvernance, des détournements faramineux des deniers publics, la poursuite de l’institutionnalisation de la corruption, l'aggravation de l'insécurité dans l'est du pays. Autant de maux décriés pendant des décennies.
Cependant, IRDH ne partage pas son remède relatif au « serment de soldat » qui met en exergue son identité militaire. La promesse d’aller jusqu’au sacrifice suprême constitue une menace à la paix et relègue au second plan sa mission de pacificateur.
Pour les victimes des graves violations des droits humains, il était souhaitable que son discours éclairât l’opinion relativement à la résolution 2773 (2025) du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée le 21 février 2025 qui condamne le soutien de la République du Rwanda à l'offensive du M23 et appelle à la cessation des hostilités. Par celle-ci, l’ONU exige du Rwanda le retrait de ses troupes du territoire de la RDC. A l’AFC/M23, elle exige le retrait des zones sous son contrôle et de démanteler les administrations parallèles illégitimes mises en place en RDC, ecrit-il.
Déjà en janvier 2025, à la prise de Goma par l’AFC/M23, le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), António Guterres, s'était entretenu séparément par téléphone, avec le président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame. Durant l’entretien du chef de l’ONU avec le président Kagame, « l’accent a été mis sur la nécessité de protéger les civils dans la région ».
Les rapports des Nations Unies sur la situation du Droit international humanitaire et des droits humains, dans les territoires sous contrôle de l’AFC/M23 sont extrêmement préoccupants. Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l'Homme parle des violations graves, notamment l'utilisation des explosives dans des zones densément peuplées, des exécutions sommaires, des violences sexuelles, et des arrestations arbitraires. Des bombes ont frappé des sites de déplacés, causant plusieurs victimes civiles.
IRDH recommande que la mission de recherche de paix de Joseph Kabila corrobore avec la sollicitation faite aux leaders religieux, entreprise le 29 mai 2025. Et qu'il puisse tenir compte des attentes des victimes de la guerre, relativement a l’implication des troupes combattantes.
La Gazette du Continent.