L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) a lancé une campagne de sensibilisation visant à interdire la vente et la délivrance de titres parcellaires dans la zone de Nzulo intégrée au Parc National des Virunga.
Cette mesure intervient après la décision de justice rendue en avril 2023 par la Cour d’Appel de Kalemie, confirmant l’appartenance de cette enclave située dans le groupement de Kamuronza, territoire de Masisi, à la réserve naturelle. Des panneaux signalant cette interdiction ont été installés sur le site depuis la semaine dernière pour rappeler aux habitants le caractère protégé de cette zone.
Malgré cette campagne de sensibilisation, certains notables locaux contestent encore l’autorité de l’ICCN et affirment que l’affaire n’est pas définitivement close. Ces leaders communautaires estiment que l’ICCN utilise des panneaux comme outil de pression pour légitimer son emprise sur cette partie des Virunga. Selon eux, l’usage de panneaux ne peut en aucun cas constituer une preuve juridique de la paternité des terres et ils invoquent un acte de gestion des terres indigènes datant de 1945 pour défendre leurs droits fonciers.
L’un des notables locaux a émis des réserves sur cette démarche, accusant l’ICCN de chercher à justifier les fonds reçus des organismes humanitaires en mettant en place cette campagne. Il a exprimé ses doutes quant à la capacité de l’ICCN à respecter les droits des populations locales, insistant sur le fait que des procédures légales auraient dû se poursuivre devant la justice.
Il convient de rappeler que le litige autour de la propriété de Nzulo a été longuement débattu devant plusieurs juridictions. La Cour d’Appel de Kalemie a, en avril 2023, tranché en faveur de l’ICCN en annulant les décisions antérieures du Tribunal de Grande Instance de Goma et de la Cour d’Appel du Nord-Kivu, qui avaient attribué les terres de Nzulo à cinq prétendus autochtones. Ce conflit foncier avait déjà entraîné de violents affrontements entre éco-gardes et riverains, avec des pertes en vies humaines.
L’ICCN a souligné l’importance de préserver l’intégrité du Parc des Virunga, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, face à l’expansion démographique et aux menaces d’exploitation illégale des ressources naturelles.
Magloire Mutulwa