Musique : Tabu-Ley Rochereau et la rumba congolaise : un dilemme

Musique : Tabu-Ley Rochereau et la rumba congolaise : un dilemme

Qu’est-ce qui n’a pas encore été écrit et dit concernant la vie de Tabu Ley ’’Rochereau’’ de son vrai nom Sinamoy Pascal, de son vivant et après sa mort ?

Ses chansons, ses enfants, ses conquêtes et ses productions ?

Un chanteur et auteur-compositeur très prolifique voire un interprète avec un curriculum vitae long comme le bras.

Né à Bagata en 1940 et décédé à Bruxelles en 2013. Plusieurs générations de la musique congolaise l’ont pris comme un chanteur modèle.

Cornaqué au début par Kabasele Joseph alias ’’Grand Kalle ’’patron d’un groupe musical congolais aux normes européennes créé en 1954 : l’African Jazz.

Ce dernier sera le mentor de jeune Rochereau qui débuta comme parolier en écrivant les chansons pour lui.

À la dislocation de l’African Jazz après son apogée en 1959 - 1960, le jeune Rochereau en compagnie de Kasanda Nico, son frère aîné Mwamba Dechaud et Izeidi Roger iront à partir de 1963 créer l’orchestre African Fiesta Vita avant une nouvelle scission à partir de 1964-65.

Rochereau s’en ira avec sa parenté Izeidi Roger le producteur pour monter l’aile African Fiesta national et de l’autre, Nico Kasanda et son grand-frère Dechaud pour l’aile African Fiesta Sukisa.

Une concurrence musicale saine entre les deux ailes. Une séparation sans polémique.

La faillite de sa maison d’édition en Europe mettra fin définitivement à l’existence de l’African Fiesta Sukisa de Nico Kasanda combinée aux problèmes liés à sa santé.

Tandis que Rochereau de son côté, après la séparation d’avec Roger Izeidi ; sur son African Fiesta national, il ajoutera l’épithète ’’le peuple’’ avant de devenir ’’Afrisa international ’’ à son retour de l’Olympia de Paris en décembre 1970.

À partir de 1971, Rochereau séduit par la musique internationale et le succès récolté va emprunter un nouveau virage.

Il sortira carrément de la rumba congolaise, la rumba Fiesta pour s’occidentaliser. Déjà avec l’introduction de la batterie à la place de Charleston avant l’Olympia 70 au tempo occidental, le rythme Soumdjoum, après, viendra le jabs avec une chorégraphie des ’’Rocherettes ’’ses danseuses en mode occidentale etc .... pour imiter les ’’Claudettes ’’ de Claude François. Une culture importée.

Rochereau s’éloignera toujours plus de fondamentaux de la rumba congolaise par sa façon de danser qui n’avait plus rien de la rumba de l’African Jazz.

Seul Franco Luambo et l’OK Jazz resteront toujours dans la rumba originale ’’Odemba’’, Franco, le seul gardien du temple musical congolais jusqu’à sa mort en octobre 1989 alors que Rochereau l’autre icône surfait sans cesse entre la musique d’ailleurs et congolaise.

Bien qu’ayant contribué à l’épanouissement de la musique congolaise comme étant son digne ambassadeur, Rochereau Tabu Ley était sorti du cadre de la rumba congolaise pour d’autres tendances. Un choix ou une évolution ? Ne s’était-il donc pas fourvoyé en chemin ?

Les Argentins ne sortent jamais de leur ’’Tango’’, un patrimoine culturel immatériel comme la rumba congolaise.

En tout cas entre Tabu Ley Rochereau et la rumba congolaise, le dilemme reste entier. Raison pour laquelle j’ai souvent insisté sur la vraie définition de la rumba, ses codes et mode d’emploi. La rumba, une musique, une danse et culture ? Car, jusqu'à présent, tout est encore très mal défini.


Dary Abega

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