Matadi, la ville portuaire, le chef-lieu de la province du Kongo Central, créée en 1886 ; ville très mouvementée et animée à l’époque pour cause de son port fluvial qui voyait accoster plusieurs bateaux venant de l’étranger ; la porte de sortie et d’entrée des Congolais et Européens pendant la colonisation où les lignes aériennes étaient encore très rares, monter à bord d’un avion était similaire à celui qui voyage à bord d’une navette spatiale aujourd'hui à destination de l’espace.
La proximité de Matadi avec Boma et Vivi, les toutes premières capitales congolaises mettront encore plus la ville des pierres ’’Matadi ’’en kikongo en lumière et le Kongo Central.
Donc, le Kongo Central fut plus réceptif à la civilisation extérieure par rapport à la lointaine Léopoldville, aujourd'hui Kinshasa, qui formait à l’époque une même province avec Banningville, Bandundu par après.
Léopoldville, Kinshasa, l’actuelle capitale de la RDC tout au début, fut très peuplée par les Bakongo du Kongo-Central et de Banningville principalement.
La langue ’’kikongo ya leta ’’fut la langue parlée dans cet espace géographique pendant l’administration coloniale.
Le kikongo ya leta ou le ’’Munu kutuba’’.
Au fur des années, le kikongo sera détrôné par le tout-puissant lingala de suite à la Force publique ; une langue de communication dans l’armée coloniale, au gré des mutations de militaires Bangala riverains et forestiers qui vont alors essaimer cette langue à travers tout le territoire congolais, amenée dans leur bagage linguistique.
Avec le nouveau découpage territorial, le Congo-Belge passera de 6 à 9 provinces, Léopoldville deviendra la capitale et une province ; le Banningville, le Bandundu une autre province, pareillement pour le Kongo Central.
Kinshasa, une capitale cosmopolite dans laquelle toutes les tribus du pays vivront mélanger, le lingala chassera le ’’Munu kutuba’’ afin de s’imposer comme la langue locale et la langue de la musique congolaise moderne. Un" lingala de Bakongo" selon les Bangala de souche ; un lingala fortement ’’abîmé’’au contact avec le kikongo et le français ; un lingala simple comme bonjour, contraire à celui de la Force publique (sic).
Justement, la musique congolaise restera fortement influencée, par la culture des Bakongo qui sont de grands chanteurs et instrumentistes. Voire percussionnistes.
Les experts de la musique ne disent-ils pas que la" Rumba" n’était donc pas venue de la déformation du nom kumba, le nombril en kikongo ?
La Rumba ne fut-elle pas déportée dans les cales de bateaux négriers pour le Brésil voire les Caraïbes par des esclaves Bakongo ?
Je dirai dans l’épanouissement de la musique congolaise aujourd'hui, les Bakongo ont apporté 80 %, les restes 25 %, l’apport des autres tribus et les 5% restants, par l’influence des autres musiques étrangères comme le rythme afro-cubain cher à Kabasele Joseph, le précurseur ; ensuite du high-life ghanéen et nigérian. Kabasele Joseph ’’Grand Kalle Jeff ’’n’était-il pas né à Matadi dans le Kongo Central ?
Ils seront nombreux ces jeunes musiciens congolais connus et moins connus, venus tout droit du Kongo Central ou à défaut ses originaires avant de percer dans la hiérarchie de la musique congolaise. Tels que : Les Samu Bakula ’’Armando ’’, Mimi-Ley, Lomingu Puaty ’’Zorro ’’, Give Djo Nolo, Shimita Lukombo Nzambi, Defao Matumona, Ngizulu Fabrice Honoré, José Cartouche Babudu Ramatoulaye, Makolin le ’’géant’’ Boulite, Mbuku Shekedan, Franco Luambo, Bavon Marie-Marie, Madiata Gérard, Zamuangana, Kisola Nzita, Kiambukuta Josky, Ntesa Dalienst, les frères Soki, Hervé Gola, Kiese Diambu, Félix Wazekwa, Mumbata Djo Poster, Sumbu Lengi Lenga, Didier Masela, Lukoki Diatho, Mayaula Mayoni, Bopaul Mansiamina, Dave Makondele, Gerry Dialungana, Ray Lema, Thierry Mantuika, Mavuela Siméon, Matima Pioso, Lukombo Djeffar, Sinuku Tshekabu ’’Saakoul’’, etc... la liste n’est donc pas exhaustive. Le football suivait aussi la même tendance.
Mayaula Mayoni
Mbuku Shekedan
Ntesa Dalienst
Après viendra alors le Bandundu comme grand pourvoyeur des musiciens après le Kongo Central bien sûr.
Qui dit mieux ?
Dary Abega