"Korobiyaré tu m’amener où korobiyaré.... je t’amené au cimetierer, je t’amene au cimetierer.....je t’amene, je t’amène..... en vitesse, en vitesse..." (Dialogue entre le Corbillard et le cadavre).
Ça, c’est du Zao Casimir, le chanteur humoriste congolais, né à Goma Tsé-Tsé au Congo-Brazzaville au mois de mars 1953.
Ancien choriste religieux et faisant partie du ballet traditionnel les Anges, instituteur de profession, Zao Casimir s’était révélé dans son pays, le Congo et en Afrique après par sa chanson humoristique antimilitariste ’’Ancien combattant’’avec son fameux ’’Kadavere’’.
D’autres chansons encore suivront comme : Moustique, Soulard, Corbillard, la corruption, le sida, les femmes, la bureaucratie etc...
Zao Casimir musicien engagé, traitera avec humour les sujets les plus cruciaux de la société, voire les plus cocasses ; la mort devient du rire quand Zao Casimir la chante.
Zao Casimir respire l’intelligence, il aborde des sujets inabordables dans la société avec humour, dérision et plaisanterie.
Quand Zao Casimir parlait de la guerre en 1980 tout le monde rigola, ’’la guerre ce n’est pas bon, ce n’est pas bon. Si tu ne fais du tshangi, kadavere !’’
On rigola.
C’était donc une prophétie ou une prémonition ?
Car 17 ans après, il en sera victime. Lors de la guerre de Brazzaville en 1997 entre les forces gouvernementales de Pascal Lissouba et celles de Denis Sassou Nguesso à Brazzaville. Zao et sa famille passeront 9 mois en forêt, et il perdra son fils âgé de 4 ans Ironie du destin alors que lui ne voulait pas de la guerre et mettait tout le monde en garde déjà en 1980 ? Il en paya le prix par le décès de son fils. Triste !
Mais j’ai aussi aimé son récit concernant le ’’Bonjour présidentiel’’, humour ou réalité ?
Voyons !
En Afrique, nous sommes un peu habitués d’aller accueillir le président de la République à son arrivée et atterrissage à l’aéroport au retour d’un long périple. Les écoles seront fermées, mobilisées pour aller rendre les honneurs et saluer de loin le président. Les enfants, les petits, les grands, les cadres tous à l’aéroport.
Des fois à l’heure prévue, le jet présidentiel ne pointera même pas encore son nez au bout de la piste d'atterrissage.
Les élèves et les instituteurs, voire les professeurs attendront des heures et des heures ; fatigués, affamés, assoiffés sous le soleil d’Afrique.
L’arrivée prévue les avant-midis, le chef de l’État foulera son pays que dans les après-midis. Dès son atterrissage, il va saluer son premier-ministre et certains membres du gouvernement puis basta ! Pas une poignée de main pour les enseignants et élèves qui étaient là depuis le matin. Une salutation de loin dans son cortège puis bye, bye. Que du vent !
Mais après des années, l’instituteur était devenu musicien, une vedette et un très populaire humoriste, il sera invité un jour au’’ Palais de Congrès ’’pour agrémenter une soirée qui sera rehaussée par la présence de même chef de l’État qui ne lui serait jamais la main à l’aéroport quand il partait l’accueillir.
Une salle de Congrès bondée par la classe politique du pays ainsi que les ambassadeurs et le chef de l’État en personne, qui seront là pour attendre le début du spectacle.
Après, viendra l’annonce pour la présentation de l’ancien instituteur devenu artiste, musicien et humoriste populaire, accueilli par des acclamations.
Après un spectacle réussi, le président de la République, avant son départ, viendra personnellement le saluer et le féliciter à l’issue de sa prestation. Avant, c'était lui qui cherchait désespérément le salut présidentiel, mais depuis, c’était le président qui l’attendait et venait vers lui afin de lui serrer la main.
Conclusion :
À chacun son destin, et je me demande si l’instituteur en question, ce n’était pas Zoba Casimir dit Zao lui-même ? Avec Zao Casimir, il faut toujours prendre les choses avec humour, mais dans son humour, il transmet souvent un message très subtil.
Chapeau l’artiste !
Dary Abega