Manuaku Waku uuuu uh... Pépé muana mayi... allez gaser, allez... gaser ! Le magicien de la guitare, le sorcier et génie de la guitare, Pépé.. pe... pe ... pe !
Personne ne pouvait imaginer que ce petit bébé de quelques mois porté par sa mère deviendrait un génie de la guitare.
Né en 1954, Manuaku étonnait déjà par sa précocité à l’âge de 4 ans.
Manuaku "Pépé Felly" (gauche) avec ses frères. Photo prise à Léopoldville en 1958.
En tout cas dans l’histoire de la musique congolaise moderne, aucun guitariste n’a été aussi glorifié, déifié, dédicacé, loué et vanté comme le guitariste soliste Manuaku Waku Pedro Félix alias ’’Pépé Felly ’’par ses collègues chanteurs tout au long de sa carrière. Que ça soit dans Zaïko Langa-Langa l’orchestre qui l’avait vu éclore que dans son propre groupe le ’’Grand Zaïko Wawa ’’créé en 1981. Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance.
Étant parmi les premiers musiciens de l’orchestre Zaïko Langa-Langa créé en décembre 1969 sur les cendres de l’orchestre ’’Belguide national ’’si pas le premier, Manuaku Waku en plein apprentissage franchira des étapes avant devenir un grand guitariste, il a cravaché dur pour devenir le meilleur de tous.
Guitariste très orthodoxe au départ, Manuaku Waku deviendra le dépositaire du rythme Zaïko en partant de la danse’’ Ngouabin, Revolé, Six ’’motoba ’’, Cavacha (tambour, mondial, wondostock), Choquez, Siatapata, Washa washa, Disco Tara’’etc.... avant de claquer définitivement la porte de Zaïko Langa-Langa pour d’autres cieux.
Flash-back
L’orchestre Zaïko Langa-Langa fut programmé de jouer ’’levez le rideau ’’de Thu Zahina, le meilleur orchestre des jeunes kinois à l’époque lors d’un bal des vacanciers au Complexe de la Funa. Bal rehaussé par la présence des ’’Belgicains’’, ces jeunes étudiants boursiers en Belgique. Il faut dire que la production de Zaïko Langa-Langa fut catastrophique, un orchestre qui balbutiait encore ses notes de musique.
Une fois le Thu Zahina sur scène, les encadreurs de jeune orchestre, le Zaïko Langa-Langa se rendront compte de l’écart abyssal qu’il y avait entre le Thu Zahina et leur orchestre.
Une réunion extraordinaire fut convoquée derechef dans l’enceinte même du complexe de la Funa. Comme ordre du jour : l’assainissement de l’orchestre de ses éléments inutiles et improductifs, Manuaku Waku le soliste parmi ceux-là.
Shungu Wembadio ’’Jules Presley’’ prendra la parole comme étant le chef d’orchestre, qu’à dater des jours suivants, celui qui recevra un courrier à domicile via le service de poste ne devait plus prester dans l’orchestre Zaïko Langa-Langa.
Certains, conscients de leur incompétence, choisiront de devenir de simples membres. Une fuite en avant ?
Quant à Manuaku Waku, le soliste sèchement éconduit par le chanteur-pop, le bouillant Dieudonné Nzolantima alias ’’Mbuta Mashakado par un" : Soliste mbaka di, tambola ! Ce sera le fondateur DV Muanda qui interviendra en sa faveur.
Il finira par arrondir les angles en priant ses collègues musiciens à un peu de patience à son égard. ’’Totikela ye tango muke ako bongisa kaka’’.
Une prophétie ?
Manuaku Waku
Car, Manuaku Waku deviendra plus mature et meilleur à partir de 1973 à la création du rythme Cavacha. Grâce surtout à son esprit créatif, et au génie de chanteur, Evoloko lay-lay, le meilleur par son inspiration de suite à l’authenticité prônée par le président Mobutu en octobre 1971. Evoloko va pousser les encadreurs de Zaïko de s’adapter à cette nouvelle donne. D’où, il fallait privilégier la musique traditionnelle zaïroise, et surtout le folklore Mongo son ethnie. Ce sera la naissance du Cavacha. ’’Cavacha, c’est du folklore ’’disait Evoloko.
Le guitariste Manuaku Waku suivra le tempo avec sa guitare. D’où, la prédominance du Sebene dont Manuaku est un virtuose pouvant aligner plusieurs solos dans la partie dansante. 3 à 4 sebene.
Et depuis, Manuaku Waku fier de sa trouvaille et innovation, sera tout le temps dans la recherche de nouveaux sons et d’autres musiques. Il ne lui manque seulement d’ajouter un nouveau solfège, un nouveau fil sur sa guitare.
Bref, Manuaku Waku guitariste moyen au début en 1969, avait travaillé durement pour devenir un modèle et un exemple pour les jeunes générations. Si le Zaïko Langa-Langa avait résisté après le départ de Shungu Wembadio, Evoloko lay, Mavuela Siméon et Bozi de Zaïko en 1974 pour Isifi Lokole, c’était surtout grâce à la présence et fidélité de Manuaku Waku.
Manuaku Waku et Papa Wemba
Autrement, le Zaïko Langa-Langa aurait disparu depuis longtemps. Chance que le Thu Zahina n’avait pas eue car déstabilisé par les 3 mousquetaires de la musique zaïroise après le départ de Roxy Tshimpaka le meilleur de l’époque, le dépositaire du rythme pour Vévé ensuite celui de Thierry Mantuika par après pour l’OK Jazz. Dans l’existence de Zaïko Langa-Langa, Manuaku Waku a contribué à 60 % beaucoup trop tout simplement.
Manuaku Waku a la passion de la guitare, et la guitare lui a rendu l’ascenseur.
Dary Abega