Joseph-Roger Nyoka Longo Mvula alias ’’Jossart, Ya José, Nioch, Vieux Bombass’’ plusieurs surnoms pour une seule personne : Nyoka Longo.
Il était déjà là au début de l’orchestre Zaïko Langa-Langa, un ensemble musical créé en décembre 1969, l’un des tout premiers chanteurs de l’orchestre Zaïko Langa-Langa. Lui et le défunt Shungu Jules Presley, le futur "Papa Wemba" et le guitariste Manuaku Waku. Après viendront les Mavuela Siméon, Evoloko Antoine et plus tard Efonge Gina, Bozi Boziana sans oublier Bimi André qui quittera la batterie pour monter au chant à partir de 1971- 72 après un bref séjour dans le Tabou National.
Voix distinctive et puissante Nyoka Longo sera parmi les premiers compositeurs de cet orchestre, sa chanson "La Toute neige" sortie vers 1971 sera un des meilleurs succès de cet orchestre naissant. Une chanson qui cartonna. Un best-seller.
Chanteur incontournable au début, l’arrivée de chanteur Gina Efonge en 1971 fera reculer Jossart sur le banc des réservistes ; avec la naissance du fameux quarto : Evoloko, Gina, Shungu et Mavuela suivie par l’apogée de l’orchestre avec l’avènement du Cavacha en 1973. Nyoka Longo comme un serpent venimeux se fera très discret, formant un autre duo avec Bimi André Ombale, complété par Mavuela au besoin. Nyoka Longo va continuer de ronger son frein jusqu'au départ du fameux quarto pour d’autres horizons afin d’aller créer l’orchestre Isifi Lokole; un orchestre éphémère après un début tonitruant. Il faut signaler que le chanteur Efonge Gina se fera suppléer au sein de l’orchestre Zaïko Langa-Langa par Bozi Boziana pour des raisons de santé. Ce même Bozi sera de l’aventure Isifi Lokole.
Secoué par ce départ, l’orchestre Zaïko qui avait tous ses éléments rythmiques en place, comptera sur les chanteurs Nyoka Longo et Bimi Ombale ; renforcés par Likinga Redo (petit Likinga) transfuge de l’orchestre Empire Bakuba, le tenor et Sumbu Makola, ’’Lengi Lenga,Ya Lengos ’’ le baryton venu de l’orchestre Thu Zahina Mopua de Gégé Mangaya. Dieudonné Nzolantima ’’Mbuta Mashakado’’ le chanteur pop va se muer en chanteur typique, le showman, l’homme spectacle et spectaculaire. Une mise au vert à N'sele pour former un nouveau répertoire. Zaïko Langa-Langa reviendra encore très fort et revigorer en 1975 ; l’orchestre avait échappé à la disparition.
Nyoka Longo un grand danseur va confirmer son rang de leader discret, à cette époque le leader officiel fut le guitariste soliste Manuaku Waku ’’Pépé Felly, le magicien’’. Jossart ne venait qu’à la seconde position.
Le départ de Manuaku Waku en 1981 pour aller créer son propre groupe musical, le "Grand Zaïko Wawa" libéra une place pour Jossart du vivant de DV Muanda le fondateur de l’orchestre qui finira par l’adouber. Jossart un leader incontesté malgré la présence de Bimi Ombale à ses côtés. DV Muanda décéda en 1984. En 1988 un autre vent impétueux avait encore failli emporter de nouveau le Zaïko Langa-Langa, comme en 1974 ; Jossart pouvait de nouveau compter sur les instrumentistes qui vont lui rester fidèles. Le socle rythmique ne bougera pas. Matima, Zamuangana, Oncle Bapius Muaka et Belobi Meridjo.
Un nouveau recrutement des musiciens autour de Nyoka Longo, le Zaïko Langa-Langa sera de retour après le départ de Ilo Pablo, Lengi Lenga, JP Buse, Bimi Ombale, Beniko Popolipo, Avedila Kiambi, Jimmy Yaba etc... pour créer le Zaïko Familia Dei de courte durée après un début en fanfare. Et depuis ce temps, Nyoka Longo s’affirmera comme son leader incontesté. Le gardien du temple. Un bon compositeur mais très chiche en compositions. Ses chansons seront des tubes : ’’La toute neige, Errare humanum est, Amando, Nalali pongi, Ngadiadia, Cherie Zemo, Souvenir Masa", etc....
Un chanteur discipliné, posé, charismatique et parfois coléreux. Toujours fidèle à l’orchestre Zaïko Langa-Langa depuis 1969. Rarement dans les Nzong-nzing, sa voix incarne le seul Zaïko Langa-Langa. La voix de Zaïko Langa-Langa et de nulle part ailleurs.
Sélectionné dans l’orchestre national du Zaïre (ONAZA) pour représenter le Zaïre de l’époque au festival de l’art negro-africain, le Festac 77 à Lagos au Nigéria.
Il sera accompagné de Likinga Redo, Manuaku Waku, Mbuta Mashakado ’’Yaya Mbuta Brown’’pour le compte de l’orchestre Zaïko Langa-Langa. Les quatre sélectionnés dans l’orchestre national.
Ses démêlés avec la justice belge pour l’affaire ’’Ngulu’’ en 2003 avaient failli emporter l’orchestre Zaïko à cause de son incarcération en Belgique. Un vide d’à peu près 5 ans avant de rebondir à nouveau grâce à l’apport des autorités urbaines de la ville de Kinshasa, les fanatiques de première heure, mais aussi des autorités de l’autre rive du fleuve-Congo, que le Zaïko Langa-Langa reviendra encore plus fort et deviendra immortel. Dès son retour au pays, l’orchestre dirigé par Lola Muana sera déjà fin-prêt pour intégrer à nouveau ’’Ya Jossart’’ son leader. Et c’était reparti pour un nouveau départ. Jusqu'à ce jour, le Zaïko tient toujours la route. L’orchestre totalise aujourd'hui 54 ans d’existence, un véritable record de longévité dans notre musique.
Et l’orchestre continue toujours son bonhomme de chemin, malgré une concurrence sans merci avec les jeunes orchestres d’aujourd'hui. Nyoka Longo est semblable au fleuve Congo, qui a vu naviguer toutes sortes de bateaux, de pirogues et de pêcheurs, mais ça n’empêche pas au fleuve de toujours couler vers l’embouchure. Nyoka Longo a résisté à toutes les fortes têtes passées dans l’orchestre Zaïko. Il est le fruit de la patience. Et, si aujourd’hui, on peut parler encore de l’orchestre Zaïko Langa-Langa comme étant un patrimoine culturel du Congo, c’est surtout grâce à une seule personne : Nyoka Longo Mvula ’’Jossart’’, le gardien du temple. Je le sens parfois très fatigué, mais il doit être là pour faire plaisir à ses fans. Car ’’elengi ya Zaïko suka te’’. Nyoka Longo, un nom qui divise et qui divisera toujours les mélomanes congolais, peut-être après sa mort, il aura enfin une véritable reconnaissance ?
’’Ata olingaka mboloko te, ndima ata mbangu na ye". En parabole. Nyoka Longo Jossart âgé de 70 ans, mais toujours frais. Les véritables gardiens du temple ne meurent que rarement.
Dary Abega
