Catherine Nzuzi Wa Mbombo

Catherine Nzuzi Wa Mbombo

À ce jour, elle demeure la dernière femme politique congolaise qui bénéficie d’un prestige personnel incomparable.

Pour moi, ce fut un grand privilège d’échanger avec ce témoin de l’histoire politique du Congo.

Elle m’a accueilli avec une simplicité bienveillante. À ma grande joie, je me suis lié avec elle une sorte d’amitié, bien entendu très inégale. Sur son bureau, j’ai été aussitôt frappé par plusieurs ouvrages - des lectures fort peu répandues chez les hommes politiques d’aujourd’hui- des diplômes de mérite affichés sur le mur, des photos de famille, des photos officielles avec des personnalités de premier rang ; et bien entendu l’affiche originale du portrait officiel du maréchal Mobutu qui demeure à ses yeux son seul mentor et l’un des seuls grands dirigeants africains qu’elle a connus.

Femme de caractère, Madame Nzuzi Wa Mbombo est ainsi, allant à l’essentiel avec un esprit admirablement organisé et une clarté impressionnante de vigueur et d’exigence.

C’est une femme que les hommes politiques n’impressionnent pas, adolescente, elle a vu Patrice Lumumba, que ses parents lumubistes, recevaient dans leur maison à Kananga.

Son père a joué un rôle primordial dans son parcours et forgé son tempérament.

Maman Nzuzi est-ce que l’on appelle une belle dynastie municipale et politique, son père fut un leader politique d’avant l’indépendance qui lui mit le pied à l’étrier. Il a été de la même promotion à Kisantu avec M. Kazadi, le père de Nicolas Kazadi, ministre des Finances.

Elle a mal vécu l’assassinat de son grand frère Emmanuel Nzuzi, en 1961, un lumumbiste avec Jean-Pierre Finat (le père de l’artiste Abeti Masikini), Pierre Elengesa, Muzungu Christophe (père de Muzungu qui était le vice-gouverneur de Kinshasa pendant le gouvernement de Laurent Désiré Kabila), Mbuyi Joseph et Camile Yangala.

1. Enfance 

Fille d’Henri Nzuzi Kamande, son père fut bourgmestre de la commune de la Ndesha à la suite des premières élections locales organisées par les autorités coloniales en 1958.  C’était un évolué 4 catégories, il sera plus tard sénateur.

Sa mère, Alice Mbombo fut directrice au foyer social. Catherine Nzuzi Wa Mbombo est née le 19 décembre 1944 à Tshumbe Sainte Marie, l’actuelle province du Sankuru, dans une famille des catholiques pratiquants.

Fratrie de huit enfants, elle a fait ses études primaires et secondaires à Kananga.

Elle s’est forgée toute seule, c’est une autodidacte.

À 20 ans, elle perd sa mère, elle élève ses frères et sœurs sous la protection de son père.

2. Carrière politique

En 1967, elle est nommée Bourgmestre de la commune de Léopoldville (l’actuel Gombe). Vice-gouverneur de la Ville de Kinshasa, en 1972, elle est nommée Gouverneur de la province du Congo-Central, elle était très attachée à cette population.

Membre du comité central du MPR, en 1984, elle est nommée vice-présidente du comité central, devenant ainsi la 2ème personnalité de la République, l’équivalent de Vice-président de la République. 

3. Le parcours du combattant après la chute du maréchal Mobutu Sese Seko, en 1997. 

En 1997, le tombeur du maréchal, le président Laurent-Desiré Kabila prend le pouvoir, Madame Nzuzi Wa Mbombo, contrairement à d’autres dignitaires, ne choisit pas l’exil. Elle sera arrêtée par le nouveau pouvoir et détenue à la prison centrale de Makala dans des conditions les moins humaines. Après plusieurs interventions, elle est mise en résidence surveillée, gardée pendant 287 jours par 30 gardes militaires.

Elle sera libérée le 10 janvier 2001, une semaine avant l’assassinat du président Laurent-Desiré Kabila.

Voici donc Madame Nzuzi Wa Mbombo astreinte à une traversée du désert qui ne dure pas beaucoup, car, il est difficile de déstabiliser une personne dont l’intégrité est incontestée, elle ne compte aucun scandale politique et détournements à son actif.

À la faveur du dialogue inter congolais à Sun city en Afrique du Sud, en 2004, en tant que Présidente du MPR, elle devient Ministre de la Solidarité et des affaires humanitaires.

Femme d’affaires, elle a beaucoup investi dans l’immobilier.

Veuve de Monsieur Madimba Symphorien, mère de six enfants, grand-mère et arrière-grand-mère, Madame Nzuzi Wa Mbombo a un parcours inspirant et un véritable exemple de résilience.

 

 

Jean-Claude Mombong

La Gazette logo

Newsletter

Inscrivez-vous pour ne rien rater