Le 31 juillet 2000 disparaissait le général Michel Yoka Esale, il est né le 19 décembre 1928 à Boteka, ex-Flandrilla, au Congo-Belge, dans la province de l’Equateur, il est de l’ethnie Mongo. Il est une belle illustration de la méritocratie et de la vieille école.
À l’époque la réussite n’était fondée que par le mérite, la reconnaissance de valeurs, de diplômes, les qualités, l’expérience, l’honnêteté et les vertus. Le jeune Michel fait ses études primaires à l’Ecole des Frères Chrétiens Scheust (Groupe Scolaire de Coquilhatville, Equateur), il se distingue très tôt par sa rigueur et son intelligence, autant de personnalités illustres ont fréquenté cette école : l’ancien président Joseph Désiré Mobutu, le général Honoré Nkulufa, l’ancien gouverneur Laurent Eketebi, l’ancien ministre Léon Engulu, Gouverneur Njoli etc.
Adolescent, démarche assurée, prestance de monarque, son comportement le prédestinait à la carrière militaire et reflétait déjà ses traits de caractère, il était très discipliné, ferme, très honnête et très sérieux.
Très intelligent, son parcours militaire est très impressionnant , il intègre l’armée en 1948 (service militaire à Lukandu, Maniema), en 1949-51, il rejoint la Force Publique à l’école Centrale et termine comme Caporal-chef grade de Comptabilité & Dactylographe. Ses collègues de l’époque sont les caporaux : Joseph Désiré Mobutu, Honoré Nkulufa et Jean Somao.
En 1952, il est affecté au Quartier Général de la Force Publique au Building Administratif à la section G 1 sous le Général Belge Julliard, Commandant en Chef de la Force Publique au Congo, le prédécesseur du général Emile Jassens. Il résidait au Camp Kokolo ex-Camp Léopold II. Affecté aux affaires militaires (gestion du personnel et social), il participe en 1954 au concours de Jury à l’Athénée Royal de Kalina et décroche le diplôme de l’École Moyenne, l’équivalent d'étude Secondaire (4 ans). Il sera élevé au grade de Sergent.
En 1956, il est embauché comme fonctionnaire à la Banque Centrale. Il réintègre l’armée en 1960 au départ du commandement colonial belge, mais sous condition de faire l'école de sous-officiers.
En 1961-62, il fait l’École des sous-officiers à Malines (Mechelem) Belgique. En formation accélérée, il sort Lieutenant. Il fait l’École Supérieure d’Administration Militaire, École Militaire, Paris, 6ème Arrondissement, France. 1er BAM (Administrateur Militaire) Congolais. Mention : distinction, en 1964. Il sera affecté en 1966-67 à la Direction Générale du Personnel au Département de la Défense Nationale. Successivement, muté sous le commandement du Colonel Léonard Mulamba à Bukavu et à la Base de Kitona, sous le commandement du Colonel Basuki.
En 1975, la ville de Kinshasa est plongée dans le grand banditisme, nommé en 1976 Commandant de la ville de Kinshasa, il remit de l’ordre où sévissait la bande à Bouda, Wallace, Nico.
Commandement du centre Supérieur Militaire, Directeur des Etudes Militaires, commandant Base logistique / camps Kokolo.
Chef d’État-Major de la Gendarmerie, Secrétaire d’État à la défense Nationale, Commandant Base Kitona, en 1985, le général prend sa retraite.
En 1990, il sera désigné par les militaires pour représenter l’armée à la Conférence nationale Souveraine (CNS) et réorganiser l’armée Nationale.
Il prenait toujours son service avant l’heure prévue de 7 heures du matin.
« Au QG (Quartier Général de la Défense Nationale, il arrivait toujours à 6 heures du matin. Gars, aux retardataires qui tombaient sous le coup des mesures disciplinaires... coupe dans le salaire, mise à pied etc.. ». Il lui arrivait d’exiger de son chauffeur de ramener la facture même pour la provision des arachides qu’il consommait à volonté. Quand on lui posait la question... même les arachides. Il répondait, “Une personne honnête doit toujours rendre des comptes”, surtout quand on est dans le service public.
Il avait le sens de l’État, il avait mis aux arrêts, son propre neveu, lieutenant, chef comptable pour détournement des soldes des soldats à Matadi, Bas-Zaire en 1983-84. II était très intransigeant.
En 1977 lors des interpellations des gestionnaires des sociétés publiques, il fut cité en modèle par le vice-président du Parlement Étienne Tshisekedi.
Sa probité dérangeait, il se faisait pas que des amis dans sa famille politique, il était cité en exemple, gagné en estime et reconnu par ses pairs.
Le général Esale est un exemple de rectitude et de probité, les membres de sa famille qui ne répondaient pas aux exigences de l’École des Sous-Officiers (EFO) ne bénéficiaient pas de traitement de faveur.
Il avait refusé de garder la résidence de fonction de la Gombe, offert par l’ancien président Mobutu.
Jean-Claude Mass Mombong