L’originalité de l’artiste musicien José Dilu tient à ce qu’il est bien différent d’un musicien. À le regarder distraitement, on court le risque de se tromper sur sa profession, il n’est pas extravagant-discret-, il ne se met jamais en avant.
Il a une voix qui tranche avec sa dégaine de fonctionnaire de l’état. Ya José pour les intimes est un homme simple comme bonjour. Il m’a accueilli chez lui à Kintambo, sa maison est à son image : confortable, mais pas ostentatoire.
J’étais frappé par sa simplicité, une qualité que l’on rencontre rarement chez les musiciens congolais.
José Dilu Dilumona n’a jamais cherché à tirer la couverture à lui, à s’autoglorifier, et pourtant il fut une pièce maîtresse et essentielle de l’Empire Bakuba avec sa voix métallique.
Il m’a parlé de sa première rencontre avec Pépé Kallé et Papy Tex sur Nianza dans la commune de Kinshasa chez Denis Lokassa.
De gauche à droite : José Dilu Dilumona, Pépé Kallé et Papy Tex
« C’est comme si une bombe avait explosé dans mon salon », soupire-t-il, en parlant de la mort de Pépé Kallé, en me montrant quelques articles de presse pour s’aérer. Comme Simaro Lutumba, ses relations se sont détériorées avec la famille de Pépé Kallé après la mort de celui-ci.
Lutumba Simaro Masiya et Pépé Kallé
D’une voix chevrotante et brisée, visage blêmit, il évoque avec amertume l’Empire Bakuba post Pépé Kallé, on voit bien qu’il éprouve du ressentiment.
Il voue une grande admiration à Tabu Ley qui demeure son idole.
1. Enfance
Joseph Dilu Dilumona de son vrai nom, est né le 15 février 1948 à Leopoldville (Kinshasa) en RDC. C’est un natif de Leo 2 (Kintambo).
Il est marié et grand-père, cinq beaux enfants sont nés de son union.
Son père Samuel Nvolubundu était mécanicien à Utexco Leo et sa mère Marie Luzolo sage-femme à l’hôpital de Kitambo, une famille modeste, sans histoire et unie.
Il fait partie d'une fratrie de neuf enfants (7 garçons et 2 filles), dont il est l’aîné. Après l’école primaire à Saint-Georges, il poursuit ses études secondaires à Champagnard chez les frères maristes. Il était prêchantre à la paroisse d’où sa passion à la chanson. C’est un fervent catholique pratiquant.
2. Parcours
Comme tous les jeunes de l’époque, il a débuté dans un petit groupe du quartier « Vita Rose ». Ils ne jouaient qu’en matinée étant mineurs.
C’est à cette occasion qu’a eu lieu une rencontre déterminante avec son aîné Mbole Tambwe qu’il le prend sous ses ailes et à ses côtés. Il l’intègre à l’orchestre « Diamant Bleu »du colonel et riche mécène Denis Iloson. Il joue aux côtés de Denis Lokassa et René Moreno. L’orchestre ne résistera pas aux ennuis judiciaires Denis Iloson.
En 1970, il intègre Les AS, il rencontre Yossa Taluki Jossart, Josky Kiambukuta, etc..
Inspiré par le groupe Zodemi (Zozo de Negro Succès, Empompo Deyesse et Michelino Mavatiku), Denis Lokassa avec son acolyte Seskain Molenga convainc José Dilu de le présenter à deux jeunes amis d’enfance de Barumbu évoluant dans l’African choc, il s’agit de Pépé Kalle et Papy Tex.
Ils enregistrent sous la marque Phides (Philo Kola, Denis Lokassa et Seskain Molenga) sous le label « Les Bakuba » au studio Vévé. Le succès est au rendez-vous, mais ce groupe d’accompagnement va disparaître. Seskain Molenga se taille la part du lion.
Mécontents, les trois jeunes quittent Seskain, c’est d’ailleurs sous les cendres du groupe « Les Bakuba » que va naître l’Empire Bakuba.
Les trois jeunes répètent chez Papi Tex sur l’avenue Luapula au numéro 69 dans la commune de Barumbu.
L’orchestre fait sa sortie officielle le 17 mars 1973 au bar Vis-à-vis, le succès est immediat. Dilu Dilumona est auteur des chansons d’anthologie.
Le trio Kadima (Kabasele, Dilu et Matolu) sera l’un de plus célèbres ayant marqué l’histoire de la musique congolaise par sa longévité.
Le 28 novembre 1998 disparaît Pépé Kallé, la solidité du groupe sera mise en rude épreuve, José Dilu Dilumona et Papy Tex n’ont pas pu maintenir le groupe, les dissensions se sont apparues au grand jour. Papy Tex réside actuellement en Europe, quant à Dilu Dilumona, il a préféré rester au pays.
Jean-Claude Mombong