Le 28 décembre 1958, deux ans avant l'indépendance, Patrice Emery Lumumba tenait son premier discours politique, à Léopoldville.
Chaque fois qu’il est question de réveiller le sentiment patriotique au Congo , le nom de Lumumba est toujours évoqué.
Le 28 décembre 1958 ,à son retour d’Accra où il a été invité à la conférence panafricaine par son ami Kwame N’krumah , premier Ministre du Ghana, Lumumba tient un grand meeting devant une foule de Congolais à Léopoldville.
Les révolutionnaires africains avaient organisé la première Conférence des peuples africains prévue à Accra (Ghana) du 5 au 13 décembre 1958.
Deux leaders est-africains (Mohamed Babu de Zanzibar et Tom Mboya du Kenya) sont inquiets du fait qu’un grand pays comme le Congo ne soit pas représenté par ce grand rendez-vous .
C’est alors qu’ils entrèrent en contact avec Patrice Lumumba, agent commercial de la Brasserie du Bas-Congo (Bracongo).
Patrice Lumumba, Gaston Diomi et Joseph Ngalula représenteront le Congo.
Orateur exceptionnel , Lumumba se fait remarquer par les délégués à cette conférence qui réunissait les représentants des huit pays indépendants (Egypte, Ethiopie, Ghana, Guinée, Liberia, Libye, Maroc, Tunisie) et ceux des partis politiques, syndicats et d’autres organisations de la société civile du monde panafricain.
Lumumba noua des relations avec de grands leaders africains tels que Kwame Nkrumah, Gamal Abdel Nasser, Modibo Keita et Ahmed Sékou Touré.
Sa rencontre avec Kwame Nkrumah fut déterminante, elle constitua un tournant idéologique dans son parcours politique et le libéra du joug mental qui l’enfermait ; il cessa d’être évolué pour devenir nationaliste radical.
De retour à Kinshasa, Patrice Lumumba organise un grand meeting politique, le 28 décembre 1958 dans la commune de Kalamu.
Au cours de ce meeting, il fait la restitution de la conférence tenue à Accra. C’est à cette occasion qu’il présente les objectifs du M.N.C., qui sont aussi les objectifs de sa lutte, pour l’Afrique et pour le Congo. Par ce meeting, il s’évertue à façonner la conscience des congolais pour l’émancipation, émancipation pour laquelle il se bat et se battra jusqu’au sacrifice suprême qui sera sa mort.
Tribun talentueux, orateur exceptionnel à l’éloquence volcanique, Patrice Lumumba électrisa la foule , il a parlé devant une foule dix mille congolais de son voyage à Accra : “L’indépendance que nous réclamons au nom de la paix ne doit pas être considérée par la Belgique comme un cadeau”.
Ce sera sa meilleure intervention. Dès lors , une nouvelle ère souffle dans le pays longtemps meurtri par le système colonial. La foule réagissait par des acclamations enthousiastes . « Dipanda, dipanda ! » scandait l’assemblée à la fin de son discours, une déformation en lingala du mot français indépendance.
Les congolais ont pris conscience de leur émancipation politique, les esprits s’enflammèrent , une semaine plus tard, Léopoldville (Kinshasa) se souleva le 04 Janvier 1959 ( discours Abako) , émeutes , véritable soulèvement, le bilan humain a été lourd : entre 250 et 500 personnes tuées, tous Congolais. Cette date sera à jamais marquée en lettre d’or dans l’histoire de notre pays , de nombreux congolais périrent dans ces émeutes , acte fondateur , cette journée inspirera la poésie de Lumumba de septembre 1959, « Pleure, Ô Noir frère bien-aimé ».
Son discours du 30 juin 1960 sera l’un des plus grands discours de l’histoire du Congo. Lumumba décrivit la sombre époque d’esclavage, l’époque dite « de civilisation » des congolais et dénonça tout plan de balkanisation du pays. Ce discours lui a valu son assassinat sous la complicité de ses propres frères.
Jean-Claude Mass Mombong