Et si son péché, c'était celui d’être le petit-frère de Mongombe Henri l’un des fondateurs de l’orchestre Zaïko Langa-Langa ? Lui, c’est Gégé Yoka Mangaya décédé à Kinshasa au mois de novembre 2021.
On est un peu habitué quand il s’agit de parler de l’histoire de l’orchestre mythique le Zaïko Langa-Langa, orchestre créé en décembre 1969 dans la commune de Dendale aujourd’hui Kasa-Vubu. Une histoire sinueuse parsemée des vérités et contrevérités comme dans un évangile selon ’’Moto na moto’’ (sic).
Gégé Mangaya, un génie musical pouvant jouer la basse, l’accompagnement et la guitare solo, un ancien de l’orchestre les "Super Bovins, après un passage furtif dans le fantomatique ’’Belguide ’’, le Thu Zahina, Thu Zahina Mopua et l’Ok Jazz ; il fut celui qui façonna artistiquement l’orchestre Zaïko Langa-Langa encore en gestation au nom de sa famille bien qu’étant musicien effectif dans le Thu Zahina, un orchestre en vogue à l’époque, son grand-frère Henri Mongombe et son ami DV Muanda furent des membres publicitaires de cet orchestre de Kalina (Gombe) dans la commune de Dendale. Un fan club.
Gégé Yoka Mangaya
L’orchestre Zaïko Langa-Langa verra donc le jour dans la parcelle familiale des Mongombe sur Popokabaka 10 dans l’actuelle commune de Kasa-Vubu.
Gégé Mangaya domicilié sur place, sera chargé par ses aînés de faire asseoir le rythme de cet orchestre nouvellement créé et d’encadrer ses musiciens.
Certains instrumentistes profiteront de son savoir-faire afin de peaufiner leurs gammes. Le rythme de l’orchestre Los Nickelos de Belgique comme étant le socle rythmique de l’orchestre Zaïko Langa-Langa tel que voulu et conçu par Gégé. La première discographie de cet orchestre, une touche artistique et arrangements signés Gégé Mangaya. ’’La toute neige, Francine Keller, Mosinzo, Pauline ’’ pour ne citer que ça.
Un succès.
Et c’était parti pour plus de 50 ans plus tard.
La première rupture rythmique interviendra en 1971 à l’arrivée de Gina Efonge Isekofeta par sa chanson "Consolation" jouée dans un style Fiesta au rythme Soumdjoum de Rochereau Tabu Ley après le triomphe de l’Olympia de Paris. Une fois la fusée Zaïko Langa-Langa lancée à grande vitesse par l’astronaute Gégé, il s’occupera par la suite à son orchestre Thu Zahina à temps plein, un orchestre qui était alors à son apogée vers les années 1970 - 73 avant le déclin et la montée en puissance de l’orchestre Zaïko Langa-Langa de l’ère Cavacha.
Orchestre Thu Zahina
Il y aura ensuite des dissensions au sein du groupe Thu Zahina avec le départ de sa vedette principale Kelly Abely pour l’orchestre Lokoko son œuvre; Gégé Mangaya lui, va créer son propre groupe le Thu Zahina Mopua, une comète. Il va alors intégrer le groupe TP Ok Jazz de Luambo Makiadi pour plusieurs années. Les chansons comme "Muzi, Bina na nga na respect, Ambozi ya pambu" bénéficieront de son apport artistique. En froid avec le grand maître à un certain moment, Gégé Mangaya ’’reviendra’’sur son premier amour, le Zaïko après la dislocation du groupe en 1988, d’une part l’aile "Familia dei" avec Bimi Ombale et Ilo Pablo et de l’autre, l’aile "Nkolo mboka" avec Nyoka Longo.
Gégé Mangaya restera aux côtés de Nyoka Longo Jossart jusqu'à son décès en 2021 à Kinshasa après une très longue maladie.
Ma préoccupation est la suivante : Gégé Mangaya bien qu’étant le petit-frère de Mongombe Henri ne méritait-il pas lui aussi un statut de fondateur de Zaiko ? Voire celui de fondateur honoraire ?
Vu ses bons et loyaux services rendus à l’orchestre Zaïko Langa-Langa au temps de balbutiements et à la dislocation, Gégé Mangaya ne méritait-il pas aussi un statut très spécial ? Ses descendants n’auront-ils pas droit aux égards de la part de ceux qui dirigent aujourd'hui cet orchestre cinquantenaire et de ceux qui dirigent notre culture ?
’’Nakomona kaka nzete ya mbila kasi moloni te !’’, dixit ’’Papa Wemba’’, Shungu Wembadio.
Et si le monde était à refaire ?
Dary Abega
