Par bien des aspects , l’histoire de Zaïko Langa Langa se confond avec celle de toute la jeunesse du pays et des années fastes du Congo , elle a été marquée par de nombreux moments importants.
Simeon Mavuela Somo fait partie justement des musiciens historiques de ce groupe.
Mavuela Somo , né le 12 juillet 1950 à Kinshasa, RDC, et mort le 12 novembre 2022, à Anvers, en Belgique, est un auteur-compositeur-interprète congolais.
Il avait baissé son âge de deux ans pour des raisons de scolarité, dans ses documents scolaires 1952 était marqué comme année de sa naissance.
Élève très moyen, Simeon abandonne ses études à l’âge de dix-sept ans pour la musique. Il gardera de ses années-là le souvenir douloureux de la séparation de ses parents.
Son père se remarie, Il quitte la maison familiale dans la commune de Selembao pour habiter chez sa tante dans la commune de Ngiri Ngiri sur l’avenue Movenda.
Il découvre la chanson, il développe sa sensibilité à la musique grâce à son ami Odon Pelasima , dans un petit orchestre « Super Bovin », avec Roxy Tshimpaka, Damien Ndembo et Gege Mayanga.
Zaïko Langa Langa voit le jour en 1969 , il accompagne son ami Odon Pelasima aux répétitions du groupe, sa candidature est retenue par le comité directeur.
Mavuela Somo sera le troisième chanteur de Zaïko recruté après Jules Shungu Presley devenu Papa Wemba plus tard et Jossart Nyoka Longo.
Surnommé Cheikh Vuelas, Le géant catalogue,
Sa carrière professionnelle débute dans Zaïko Langa Langa.
Après la première dissidence de Zaïko en 1974, Mavuela Somo choisit Evoloko Lay Lay Antho, Jules Shungu et Bozi Bozianna pour former Isifi Lokole.
Au plus fort de la tension au sein du groupe Isifi Lokole , il crée Yoka Lokole avec Papa Wemba et Bozi Bozianna, laissant le tumulteux Evoloko Lay Lay Antho.
Luambo Djo Isa venu tout droit de Stukas Boys les y rejoint. L’attaque chant prend le nom de Fania All Stars. Mavuela Somo connaît un succès fulgurant.
Bel homme, très élégant, il est surnommé Cheik, adulé par les filles, un deuxième nom sera collé à son personnage « Le Géant Catalogue », l’homme fait un plus de 1,90. Il est de grande taille et s’identifie aux catalogues de mannequins, des revues de mode venues de France dans lesquelles se trouvent des photos d’hommes et de jeunes dames élégamment vêtus pour la promotion des tenues de marque.
Toute personne de taille élancée est appelée à Kinshasa « Le géant catalogue ».
En décembre 1976, des querelles de gestion et de leadership apparaissent au grand jour dans Yoka Lokole.
A cause d'une relation amoureuse avec une fille mineure dont le père était un homme influent sous le régime Mobutu, Papa Wemba est arrêté et conduit à la prison centrale de Makala.
Des interventions en faveur de Papa Wemba, en provenance de Brazzaville et de Kinshasa, vont faire en sorte qu’il soit libéré après sept jours de détention.
Après sa sortie de prison, Papa Wemba est très déçu du comportement de ses collègues musiciens de Yoka-lokole à son égard. Non seulement personne n'est venue lui rendre visite en prison mais aucune visite de compassion après sa sortie.
En plus, il découvre que ses camarades, en particulier Mavuela Somo et Mbuta Mashakado, l'ont fait chanter une chanson, chanson qui a eu beaucoup de succès, dans laquelle ils se moquent de lui comme étant un villageois, d'un " Mowuta ", mot lingala qui signifie un non-citadin.
La chanson s'intitule " Mapeka " ou " Bana Kin ". Tout simplement parce que Papa Wemba était né en province et n'était donc pas considéré comme un vrai kinois.
En réalité, derrière ce débat puéril de qui est plus kinois que l'autre, se cachait une lutte de leadership au sein de l'orchestre.
Au mois de décembre 1976, Jules Shungu vient au Dancing -Bar Type Ka du Seigneur Tabu Ley où son orchestre était en concert. Voulant prendre le micro pour chanter, Mbuta Mashakado lui signifie brutalement qu'il n'a plus le droit de chanter parce qu'il est suspendu du groupe.
Il sera même bousculé physiquement pour le faire sortir du bar.
Chassé comme un mal propre par le tempétueux Mbuta Mashakado, Papa Wemba crée en février 1977 son orchestre « Viva La Musica ».
Ça sera le début d’une implacable marée descendante dont il fut le symbole et d’une subordination vis-à-vis de Papa Wemba.
Les musiciens de Yoka Lokolé quittent le navire , seul maître à bord ,et sous la direction de Sec-Bidens, Yoka Lokole va disparaitre progressivement de la scène musicale .
Mavuela Somo s’exile et tente une carrière solo en 1979, à Libreville, au Gabon,mais le succès lui tournera le dos définitivement.
Il épouse une gabonaise , par le truchement de sa femme, l’apôtre Jeanne Mavuela, « le géant Catalogue » rencontre Dieu. Il devient le frère Siméon , il abandonne la musique mondaine pour se consacrer à Jésus.
Il crée le groupe El ShaddaÍ et se produit dans plusieurs villes européennes.
Le couple s’installe à Anvers, en Belgique.
Mavuela Somo est malade, très malade, les rumeurs sur son état de santé circulent et les disent gravement malade et dans le coma.
Père de sept enfants et grand père de dix-sept petits-enfants , Mavuela Somo décède le 12 novembre2022 entouré de sa famille dans leur appartement.
Jean-claude Mombong