Au fil des heures, la situation s’est clarifiée après des dissensions au sein de l’Armée. On est passé à une simple manifestation d’humeur, à un coup d’État. Toutes les forces armées ont endossé ce coup de force. L’armée dans son ensemble a réussi à se mettre d'accord.
Le chef d’État-major se rallie aux putschistes. Le président Mohamed Bazoum reste toujours détenu avec sa famille. L’ensemble des forces armées se rallie et le coup d’État consommé.
Mohamed Bazoum, président nigérien
Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger devient le troisième pays du Sahel à connaître un coup d’Etat depuis 2020.
La junte, qui rassemble tous les corps de l'armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, instauré un couvre-feu de 22H00 à 05H00 (21H00 à 04H00 GMT).
Toutes les activités des partis politiques sont suspendues.
« Le commandement militaire des Forces armées nigériennes (FAN) » a « décidé de souscrire à la déclaration des Forces de défense et de sécurité », indique un communiqué signé du chef d'état-major, le général Abdou Sidikou Issa, afin d' « éviter une confrontation meurtrière entre les différentes forces ».
Habitué des coups d'État et des tentatives de putsch, le Niger est l'une des dernières puissances de la région proche des pays occidentaux. Partenaire de la France dans la lutte contre le jihadisme dans la région, il y est déployé 1500 soldats français. Dans un tweet, la ministre des Affaires étrangères française Catherine Colonna a réagi en déplorant "toute tentative de prise de pouvoir par la force". L'Union européenne et l'ONU ont par ailleurs chacune réclamé la libération immédiate du président Bazoum.
Les condamnations se multiplient, Washington a condamné à son tour le coup de force au Niger.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) et l’Union africaine ont condamné ce coup de force. La Russie a appelé à la libération immédiate du président Mohamed Bazoum.
Quelle personnalité va émerger dernière ce coup d’État ?
Le bras de fer entre les autorités légitimes et les putschistes n’est pas totalement terminé, deux légitimités s’affrontent. « Les acquis démocratiques obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront », a affirmé le président Mohamed Bazoum sur Twitter.
Le chef de la diplomatie et chef du gouvernement nigérien par intérim, Hassoumi Massoudou a rejeté ce jeudi le coup d'État, affirmant que son gouvernement représentait « les autorités légitimes et légales », dans un entretien à France 24. « Le pouvoir légal et légitime est celui exercé par le président élu du Niger, Mohamed Bazoum. Il a demandé à ces officiers facétieux de rentrer dans les rangs, en ajoutant que le président Mohamed Bazoum était « en bonne santé ».
Le Niger, qui a connu quatre coups d’État dans son histoire récente, a également vécu un putsch avorté en 2021 quand des militaires ont tenté de prendre le palais présidentiel quelques jours avant la prise de fonction du président Bazoum. Avec l'élection de Mohamed Bazoum en 2021, le Niger a connu sa première transition démocratique depuis son indépendance de la France en 1960.
Jean-Claude Mombong