L’orchestre Viva La Musica de Papa Wemba fête ses 47 ans

L’orchestre Viva La Musica de Papa Wemba fête ses 47 ans

La sortie officielle de Viva La Musica a eu lieu le 26 février 1977.

L’orchestre de Papa Wemba a fait sa sortie officielle le 26 février 1977 au dancing club Type Ka du Seigneur Tabu Ley. C’était la naissance d’une pépinière de stars.

On ne peut comprendre l’histoire de la création de Viva La Musica, sans parler de trois formations musicales au sein desquelles Papa Wemba a évolué -Zaiko Langa Langa, Isifi Lokole et Yoka Lokole- qui furent de pépinières de talents et de fortes têtes.

Chassé d’une manière peu orthodoxe par l’impétueux Dieudonné Mbuta Mashakado, alors qu’il était chanteur dans Yoka Lokole, le micro lui fut arraché brutalement en plein concert devant un grand public, dans ce mois décembre 1976.

Jules Shungu devenu plus tard Papa Wemba lavera cet affront en créant son propre groupe Viva La Musica. Le comportement de Mbuta Mashakado cachait en réalité la rivalité d’ego et de leadership qui opposait Mavuela Somo et Jules Shungu.

La rivalité et révocation de Papa Wemba furent le début d’une implacable marée descendante de Mavuela Somo et la subordination de tous les musiciens vis-à-vis de Papa Wemba.

Humilié, Papa Wemba ne savait pas à quel saint se vouer, le défi était de taille.

N’eut été la présence de Shaggy Sharufa, une de ses meilleures amies, la détermination de Pecho Wa Ngongo et Sacré Zaza, Viva La Musica ne serait peut-être pas né.

Papa Wemba avait même songé à réintégrer Zaïko Langa-Langa ou Isifi Lokole d’Evoloko , cela n’était pas du tout du goût de ses amis et proches.

Les jeunes de Matonge ( son quartier de résidence) avaient envahi sa maison , et la situation a changé de telle manière qu'il n'a même pas entrepris cette démarche. Matonge et Yolo , deux quartiers rivaux de la Commune de Kalamu qui se disputaient le leadership incarné par leurs deux stars de l’époque, Evoloko et Jules Shungu.

Papa Wemba être sous la férule d’Evoloko Lay Lay Antho serait un sacrilège, impensable pour les jeunes fanatiques et habitants de Matonge.

Sur l’insistance de ses proches ( Saggy Sharufa, Sacré Zaza, Pecho Wa Ngongo, le "colonel" Jagger Lombume, Lossikiya Maneno ) Papa Wemba à l’époque Jules Shungu crée son propre orchestre.

L’orchestre commença ses premières répétitions sur A 42 Kanda Kanda à Matonge, l'habitation de Wemba.

Les graines germées, le groupe prend corps avec les premiers de cordée : Jadot le Cambodgien, Petit Aziza, Bipoli, Kisangani Djengaka Espérant (chant), Bongo Wende (le dernier fils né, un transfuge de Stukas de Lita Bembo, Julva Liguagua (solo), Pinos (basse), Sirian (rythmique), Rigo Stars, Otis Koyo Ngonda et Patsho Star (batterie). Il devient Papa Wemba, sa résidence sera baptisée « Village Molokaï », il se fait appeler le Chef Coutumier, le Kuru Yaka, Bokulaka. C’est le début d’une carrière fulgurante. Soki Vangu, patron de l’orchestre Bella Bella, par esprit de représailles -une de ses maîtresses entretenait une relation inappropriée avec Mavuela Somo-offrira des instruments de musique à Papa Wemba.

Papa Wemba règne en maître, le siège de l’orchestre de Papa Wemba installé au numéro A 42 de la rue Kanda Kanda éclipse ainsi le numéro 6 de la rue Wafania, à Yolo Nord, le quartier général d’Evoloko.

Viva La Musica devient un véritable phénomène sociologique qui fédérera toutes les frustrations sociales de la jeunesse zaïroise. Des jeunes issus de quartiers défavorisés ,peu scolarisés, se reconnaissent en Papa Wemba qui les valorisent, il prône la culture du self made-man, des jeunes qui ne doivent leur réussite matérielle et sociale qu'à eux-mêmes.

Dans cette société hiérarchisée socialement, qui fut le Zaïre de Mobutu, les jeunes se reconnaissent dans la sape -bien coiffé,bien parfumé- une réaction contre l’autre jeunesse minoritaire ( raffinée, éduquée, bourgeoise, des fils à papa) incarnée par le président Jehrsy Jossart N'yoka Longo, leader incontesté de Zaiko Langa Langa.

Papa Wemba né le 14 juin 1949 à Lubefu dans le Kasai , est décédé à l’âge de 66 ans, le 24 avril 2016 à Abidjan en Côte d’Ivoire, en plein concert.

 

Jean-Claude Mombong

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