L’itinéraire hors norme d’une des premières pionnières de l’audiovisuel congolais

L’itinéraire hors norme d’une des premières pionnières de l’audiovisuel congolais

Mama Angebi de son vrai nom Marie-Josée Angebi Engea est née le 26 février 1929 à Léopoldville, morte le 6 août 1981, à 52 ans, à Kinshasa.

Ils étaient une poignée, et leurs noms sont inscrits dans le panthéon de l’audiovisuel congolais, presque tous disparus aujourd’hui.

Maman Angebi a laissé une empreinte indéniable dans l'histoire des émissions de divertissement et des variétés du Congo, l’actuelle RDC. Ce n’est pas pour rien qu’une des grandes salles de la Voix du Zaïre, aujourd’hui RTNC, qui a vu défiler tous les grands noms de la musique congolaise, porte son nom « Studio Maman Angebi ».


Mama Angebi 

Ce studio fait partie des patrimoines culturels du pays, tous les grands artistes de renom que compte la RDC ont fait leurs débuts dans cette salle-mythique qui aura servi à leur éclosion ; un tremplin qui a propulsé de talents, et servi d’auxiliaire à d’autres programmes et grands événements culturels.

Mama Angebi et Mama Kanzaku ont créé en 1966, une émission de divertissement baptisé « Tango ya ba Wendo », (l’époque de Wendo), les merveilles du passé. Elles proposent le projet à la direction, le directeur des programmes à la radio de l’époque Monsieur Théophile Ayimpam, donne son accord, le succès sera au rendez-vous. C’était l’émission dominicale la plus écoutée.

De 1966 à 1969, Mama Angebi assure l'animation, tandis que Mama Kanzaku est à la réalisation et à la prise de son. En 1969, la direction demande à Mama Kanzanku de co-animer l’émission avec son amie, elles formeront un duo sans précédent. D’abord sous format de disques demandés par les auditeurs, cette émission pionnière racontera l'histoire de la musique populaire congolaise pré-coloniale, mais aussi l’histoire de la ville de Kinshasa et de l’indépendance.

L’émission rend hommage aux pionniers de la musique populaire congolaise de deux rives du fleuve Congo (1940 et 1950), dont Wendo qui fut la vedette la plus renommée, Paul Kamba, Henri Bowane, Adou Elenga, Paul Mwanga, etc.

Elles auraient emprunté le nom de l’émission à une des chansons de Franco Luambo Makiadi, Tango Ya Ba Wendo, sortie en 1966 aux éditions Populaires, interprétée par Mulamba Joseph (Mujos) et Michel Boyibanda.

De succès en succès, en 1973, le tandem Angebi et Kanzaku créé la version télévisée de leur émission. L’émission s’appellera Bakolo Miziki (Les pionniers de la musique). Le Président directeur général de la Voix du Zaïre de l’époque Louis-Roger Dongo accepte leur proposition. C'est Vicky Longomba qui aurait suggéré le nom de Bakolo Miziki (les pionniers de la musique).

« Bakolo Muziki » a été une véritable source d’éducation pour toute une génération, elle reproduisait l'ambiance des dancings-bars de l'époque coloniale. Cette émission a permis aux jeunes générations de mettre le nom sur les visages de ténors qui ont marqué l’histoire de la musique congolaise : Oliveira, Bukasa Léon, Wendo Kolosoy, Grand Kallé, Gérard Madiata, Jhonny Bokelo, Adou Elenga, Eyenga Moseka , Kwamy Munsi, Nico Kassanda, etc.....

Maman Angebi, de son vrai nom Marie-Josée Engea Moseka Alungwa, est née le 26 février 1929, à Léopoldville (RDC). Elle a étudié à l’école Sainte Thérèse de Lisieux en face du stade du 24 novembre.

Après avoir obtenu son diplôme de la section ménagère, elle sera engagée en 1955 en qualité d’agent sous-contrat à la Radio Congo Belge, et passera sous statut en 1957.

Speakerine à ses débuts à la radio, animatrice de plusieurs émissions, elle devient plus tard productrice et présentatrice des émissions « Bakolo Miziki » et « Tango ya ba Wendo ». En 1979, elle connaît des ennuis de santé, elle sera évacuée en Europe pour des raisons médicales, grâce à l’aide du président de la République Mobutu Sese Seko.

De retour au pays, en février 1979, elle s’est montra plus en forme que jamais où se sont pressés ses nombreux amis, lorsqu’elle fête en grande pompe ses 50 ans d’âge, un anniversaire orné par Luambo Makiadi et son Ok Jazz, sans la présence de sa complice Mama Kanzaku ; leur amitié vieille de plus de vingt ans s’étant refroidie.

Amaigrie lors de sa dernière émission, agrémentée par l’ORFAZ (Orchestre des Forces Armées Zaïroises) l’émotion était partagée par tous ceux qui étaient présents pour cette dernière résurrection télévisuelle.

Elle décède le 6 aout 1981 à la clinique Universitaire de Kinshasa des suites d’une insuffisance rénale à l’âge de 52 ans.

Au fil des temps, on se rend compte que les producteurs et animateurs d’aujourd’hui n’ont fait que s’inspirer de ces pionniers de la radio et télévision de l’époque.

 

Jean-Claude Mombong

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