Scène émouvante vendredi 12 avril 2024 dans la salle de fêtes de l'ambassade de la RDC en France. Redoutés des apparatchiks de régimes de Kinshasa et de musiciens congolais en séjour ou de passage à Paris, Londres, Bruxelles, Jo'bourg, ces manifestants que leurs attaques physiques et verbales virulentes ont rendu célèbres se sont regroupés pour aller remettre de manière symbolique à l'ambassadeur Émile Ngoy le drapeau naguère arraché au bâtiment sis 32 Cours Albert 1er.
Apparu en Grande-Bretagne en 2006 puis en France en 2009 et en Belgique ainsi qu'en Afrique du Sud et en Hollande, pays où l'on trouve une forte communauté des ex-Zaïrois, le mouvement des "combattants congolais" de la diaspora en opposition farouche au régime de Joseph Kabila d'abord s'est rendu célèbre par des actions violentes et radicales contre des responsables politiques et des musiciens louangeurs ou proches du pouvoir. Certains d'entre ces derniers ont expérimenté à leurs dépens les agressions physiques et/ou verbales de la part de ces combattants ainsi que leurs levées des boucliers massives contre les productions musicales de leurs compatriotes jugés chantres des bonzes de Kinshasa. C'est ainsi, par exemple, qu'en juillet 2017, ils avaient réussi à faire annuler le concert du chanteur Héritier Watanabe à l'Olympia de Paris.
Le déclic par l'esprit d'ouverture et du dialogue
Actuellement, nombreux sont ces "combattants" de la diaspora qui ont mis de l'eau dans leur vin, atténuant, mettant en sourdine ou même renonçant à leurs méthodes et revendications outrancières contre le régime de Kinshasa. Des combattants devenus plus conciliants et coopératifs, notamment à Paris où le nouvel ambassadeur, Son Excellence Émile Ngoy Kasongo, a quitté son bureau pour aller se mettre à l'écoute des Congolais dans leurs milieux. Privilégiant le dialogue et la réconciliation, il leur a grandement ouvert la porte de l'ambassade. Il a ainsi mis fin à l'auto-isolement peureux qui caractérisait quelque peu avant sa nomination à ce poste le chef de la mission diplomatique cloîtré dans son bureau avec ses paperasses et ne recevant que les dignitaires du régime de passage à Paris et quelques rares officiels du pays d'accueil.
Ancien "mikiliste" lui-même, il arrivait au professeur Émile Ngoy de sortir du bâtiment pour aller régler certains litiges. C'est à l'une de ces occasions qu'il reçut une délégation d'anciens "combattants" avec laquelle il partagea longuement avant que ces derniers lui promettent de venir lui remettre le drapeau de la RDC, en signe de paix, qu'ils avaient arraché comme trophée pendant leur "combat".
La cérémonie de remise du drapeau national s'est déroulée vendredi 12 avril dans la salle de fêtes de l'ambassade dans la joie et la paix retrouvée pour qu'ensemble, à l'unisson, rayonne un Congo fort, prêt à évoluer pour reconquérir nos territoires qu'occupent l'armée rwandaise et ses supplétifs congolais avec la complicité des multinationales occidentales.
Les ex-combattants ont promis d'aider l'ambassadeur pour la réussite de sa mission en République française, à la Principauté de Monaco et Andorre ainsi qu'aux Antilles.
Signe de confiance au chef de l'État et à l'ambassadeur
La remise du drapeau est un signe de confiance au chef de l'État et à l'ambassadeur, ont insisté plusieurs combattants membres de l'Association Fatshi Béton. A l'instar d'Abraham Basale, initiateur de cette association, de Maëva, de Mme Belembe Mariam, Laurette Bolenge... Ils ont rappelé que leur combat avec des assauts, interdiction des concerts, des marches Paris - Bruxelles avait un sens : l'éveil des Congolais.
L'ambassadeur Émile Ngoy a, au nom du président de la République, salué "le geste républicain", les remerciant pour avoir bien conservé ce drapeau. "J'ai compris quel était votre combat. Or votre combat avait une idéologie. Vous avez reconnu qu'il y avait violence. Vous avez fait peur. Vous êtes comme un enfant prodigue qui était parti et qui revient, et dit : papa, pardonne-moi. Vous êtes revenus sur cette République, derrière le président de la République", a dit le professeur Émile Ngoy.
Un cocktail a été servi à la fin de la cérémonie en signe de calumet de la paix.
Paul Bazakana/Athis photo Image d'Or
