L’exploitation écologique du Pétrole et du gaz en RDC est-elle possible ? (Tribune du Dr Benoit Kamanda)

L’exploitation écologique du Pétrole et du gaz en RDC est-elle possible ? (Tribune du Dr Benoit Kamanda)

Afin de répondre aux questions prioritaires de sécurité sociale et économique de sa population, le gouvernement congolais a lancé des appels d’offres pour la vente aux enchères de 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers. Évalués à environ 22 milliards de barils de pétrole brut et 66 milliards Normo mètre cube de gaz méthane dissous dans les eaux du Lac Kivu, ces 30 blocs vont, à coup sûr, booster l’économie du pays qui, par sa vulnérabilité, paie le lourd tribut de la crise économique mondiale due à la pandémie COVID-19 et à la crise Russo-ukrainienne.

Cependant, une guerre a été déclarée contre le gouvernement congolais par les ONG de défense de l'environnement, pour la simple raison d'avoir lancé l'appel d'offre de ces blocs pétroliers et gaziers. Pour ces organisations, il est évident que l'exploitation de ces gisements dans certaines zones sensibles, mettra en péril nos efforts pour la préservation de l'environnement en exacerbant davantage le climat.

La RDC a le droit de jouir de l'essentiel de toutes ses richesses au grand bénéfice de sa population qui vit en dessous du seuil de la pauvreté et pour ses générations futures. D'ailleurs, l'Accord de Paris auquel la RDC a ratifié, accorde des facilités aux pays en développement et insulaires compte tenu du besoin pressant de développement auquel nous faisons face (Articles 4 et 13).

Cette question doit néanmoins être traitée avec la plus grande adresse, car la voie de l'Économie Verte que nous nous sommes assignés, nous exige d'allier la rentabilité économique à la viabilité écologique et à l'inclusion sociale.

Détrompez-vous, la technologie connue à travers le monde pour extraire le pétrole, a des conséquences néfastes pour l'environnement. Il ne suffit pas que de réaliser des études d'impact environnemental préalablement à l'exploitation d'un bloc tel que le prévoit la Loi n°15/012 du 1er août 2015 portant régime général des hydrocarbures, mais il faudra surtout réglementer l'extraction de ces ressources pour limiter la fracture environnementale et l'appauvrissement écologique.

Le procédé en vigueur de fracturation hydraulique, utilisé actuellement, mélange eau, sable à des produits chimiques et a permis une explosion de la production d’hydrocarbures depuis les années 2000. Mais cette pratique est controversée, car les fluides injectés modifient les sols et sont mis en cause dans la contamination des aquifères et provoquent également des mini-séismes. C’est aussi 80 à 300 tonnes de produits chimiques qui sont injectés à plus de 2 à 4 km sous terre, parmi lesquels les composés organiques volatiles, des plastifiants et des produits pétrochimiques.

Lors des facturations hydrauliques pour extraire du pétrole et du gaz, les métaux lourds et les éléments radioactifs, naturellement présents dans le sol, remontent à la surface du sol et sont toxiques, représentant un sérieux danger sanitaire, en particulier pour les populations et les écosystèmes. Environ 80 % de fluide injecté dans le sous-sol n’est pas récupéré et une partie de ce fluide s’évapore d’elle-même et charge l’air des substances cancérigènes.

Malheureusement, les installations de traitement des eaux ne sont pas, à ce jour, assez équipées pour traiter les mélanges toxiques, les métaux lourds ou la radioactivité, ce qui expose des vies à des catastrophes sanitaires.

Chaque opération de fracturation hydraulique nécessite environ 19 millions de litres d’eau qui peut couvrir le besoin annuel d’environ 1.200 Congolais. L’eau est notre ressource la plus essentielle et la plus vitale que nous devons protéger.

Existe-t-il des alternatives écologiques à ce procédé ? Oui, il existe une alternative écologique mise au point récemment que vous pouvez lire dans l'ouvrage « Bâtir l'émergence de la RDC par l'Économie Verte Inclusive à l'horizon 2030 : Garantie pour les générations futures ».

La fracturation hydraulique a permis d'extraire 3 à 10 fois plus le pétrole que les techniques précédentes telles que les forages des puits. Mais avec le procédé écologique, c'est 4 à 20 fois plus que la fracturation hydraulique, sans compter les bénéfices écologiques qu'on en tire, car il n'utilise pas les ressources en eau et permettra la valorisation et l'élimination du CO2 dans l'atmosphère. L'exploitation écologique du pétrole et gaz est possible à la seule condition de réglementer l'extraction.

 

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