La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme ( VSV) suit avec une attention particulière l’évolution de la situation socio-politique en République Démocratique du Congo marquée principalement par le débat autour de la révision ou changement de la Constitution ; le dialogue ou pas avec le M23 soutenu par le Rwanda après l’échec de la tripartite Rwanda, RDC et Angola ; les déclarations officielles sur l’application de la peine de mort contre certains jeunes délinquants communément appelés kuluna et les nombreuses revendications sociales dont celles des conseillers communaux abandonnés à leur triste sort.
Face à toutes ces préoccupations à même de faire détériorer la situation des droits humains en RD Congo alors que ce pays est membre du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, la VSV a donné ses points de vue et ses recommandations.
Du débat autour de la révision ou changement de la Constitution
La VSV se réjouit de l’exercice des libertés d’expression et d’opinion dont ont joui il y a quelques semaines des leaders sociaux et politiques sur cette question cruciale d’intérêt général. Elle félicite les autorités congolaises et les forces de l’ordre et de sécurité du fait que quelques récentes manifestations de l’opposition politique ainsi que celles des partis politiques proches de la majorité au pouvoir sur la révision ou le changement de la Constitution se soient déroulés sans incident majeur contrairement à ce qui s’est passé en date de jeudi 14 novembre 2024 à Kinshasa avec la répression de la manifestation des opposants politiques suivie de l’interpellation brutale et musclée de l’opposant politique Delly Sesanga. Il revient également à la VSV, ce qui est déplorable que plusieurs personnes, membres de l’ECIDE ont fait récemment l’objet de l’enlèvement par des Forces de sécurité pendant qu’ils menaient leurs activités de sensibilisation contre la révision de la Constitution.
La VSV salue le fait qu’au cours du Conseil des ministres du vendredi 15 novembre 2024, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi ait condamné et déploré l’interpellation brutale de l’opposant politique Delly Sesanga et instruit en même temps le Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, sécurité et affaires coutumières de prendre des dispositions préventives nécessaires pour l’encadrement des manifestations publiques pour éviter que des dérapages similaires ne se reproduisent dans le rang de la Police Nationale Congolaise(PNC).
Cependant, la VSV dénonce l’intolérance politique qui entoure ce débat et dont font montre certains acteurs politiques principalement ceux proches du pouvoir de Kinshasa en s’attaquant à leurs adversaires politiques et à d’autres personnes y compris de la société civile qu’ils accusent de tous les maux et d’être contre le pouvoir du président de la République. La VSV condamne cette intolérance politique qui relèverait de la flatterie en direction de ce dernier pour des intérêts personnels qui n’ont rien avoir avec l’intérêt général des Congolaises et Congolais.
La VSV note que la flatterie pour des gains personnels ne rime pas avec la loyauté et moins encore avec l’amour envers son chef que l’on risquerait par ce genre de comportement d’induire parfois et subitement en erreur. Il est étonnant que des prêtres et autres pasteurs hier très respectés soient vilipendés, dénigrés au quotidien et fassent l’objet de manque de considération à cause de leurs opinions alors qu’ils sont aussi Congolais et électeurs des dirigeants au pouvoir et de ce fait peuvent donner leurs points de vue sur la marche du pays en tant que citoyens et en tant que pasteurs.
Sur un autre volet, il est important pour les opérateurs politiques de l’opposition de mieux informer la population et de ne pas profiter parfois de son ignorance sur certaines matières. En effet, qu’on soit d’accord ou pas, il est objectif de reconnaitre que le président de la République est en droit de prendre l’initiative ou d’évoquer l’idée de la révision de la Constitution et ce, conformément à l’article 218 de la Constitution et cela, en principe ne devrait poser aucun problème.
Cependant, la même Constitution en son article 219 dispose que « aucune révision de la Constitution ne peut intervenir pendant l’état de guerre, l’état d’urgence ou l’état de siège ni pendant l’intérim à la Présidence de la République ni lorsque l’Assemblée nationale et le Sénat se trouvent empêchés de se réunir librement ».
C’est probablement cet argument qui peut être opposé à l’initiative du président de la République car une partie de la RD Congo vit sous état de siège. De même, il y a « presqu’un état de guerre » entre la RD Congo et le Rwanda à travers le M23 et les quatre mille (4.000) militaires rwandais en RD Congo quand bien même que cette guerre n’a pas été déclarée officiellement ni par le Rwanda, ni par la RD Congo.
Pour la VSV, les Congolaises et Congolais y compris ceux au pouvoir et de l’opposition toutes tendances confondues doivent plus concentrer leurs efforts sur la fin de l’agression du Rwanda et surtout la récupération de tous les espaces entre les mains du M23 soutenu par le Rwanda.
Les autorités congolaises à tous les niveaux, les opérateurs politiques de l’opposition, y compris les actrices et acteurs de la société civile devraient tous tourner les regards à l’Est de la RD Congo où des populations vivent des souffrances indicibles et dans des conditions inhumaines leur faisant perdre toute dignité inhérente à la personne humaine.
La VSV dit donc non à la révision de la Constitution dans les conditions et contexte actuels au risque d’entamer davantage la cohésion nationale pourtant nécessaire en ce moment précis d’agression et d’occupation des parties du territoire congolais. Agir autrement serait profitable à ceux et celles qui tiennent à la balkanisation de la RD Congo. La VSV ose croire que les fractures autour du débat sur la Constitution pendant qu’une partie de la RD Congo est occupée feraient l’affaire de certains pays voisins.
Toutefois, dès que les conditions seront réunies, la révision de la Constitution serait souhaitable pour corriger certaines faiblesses avérées dont entre autres la territoriale des originaires devant être remplacée par la territoriale des non-originaires pour renforcer la gouvernance et l’unité nationale.
Du dialogue ou pas avec le M23 soutenu par le Rwanda après l’échec de la tripartite Rwanda, RDCongo et Angola
La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme(VSV) est d’avis que le dialogue est très important et doit être permanent dans tout Etat. Cependant, la VSV s’interroge pour le cas du régime rwandais. Comment ce régime peut-il subordonner tout dialogue avec la RDC par le dialogue entre celle-ci et le M23 alors que lui-même n’a jamais souhaité dialoguer avec ses opposants et moins encore avec les FDLR.
La VSV, au regard des crimes et des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire commis par le M23 en RD Congo, encourage le gouvernement congolais à ne dialoguer qu’avec le régime rwandais et non avec le M23 et il est important que la communauté internationale œuvre dans ce sens. Le dialogue avec le M23 impliquerait le processus de mixage et brassage et de partage des postes de responsabilité à divers niveaux, ce qui malheureusement est à la base de l’infiltration des FARDC et des services de sécurité congolais pour les affaiblir au profit des Armées des pays voisins. La VSV est convaincue que sans infiltration, les FARDC qui regorgent des militaires bien formés et rompus dans l’art militaire depuis l’époque du Zaïre feraient redouter tout envahisseur du territoire congolais.
En définitive, la VSV demande à tous les Congolais et Congolaises instrumentalisés par des pays voisins de se sentir réellement congolais en coupant le cordon ombilical avec les pays qui les instrumentalisent avant qu’ils ne les rejettent comme du chiffon.
Des déclarations officielles sur l’application de la peine de mort contre certains jeunes délinquants communément appelés kuluna
La VSV rappelle aux autorités congolaises que le premier des droits de l’Homme est le droit à la vie. Conformément aux instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux, nul n’a le droit de priver quelqu’un du droit à la vie et aucun motif ne saurait justifier cela. La VSV réitère sa position reprise dans son communiqué du 14 septembre 2024 que la peine de mort est un traitement très avilissant, cruel, inhumain ou dégradant. Quiconque l’applique viole indubitablement les droits humains dont le droit à la vie garanti à toute personne. Point n’est besoin de rappeler que les Défenseurs des Droits Humains (DDH) en RD Congo n’apportent aucun soutien aux Kuluna, auteurs des atteintes graves aux droits de l’Homme mais restent attachés tout simplement aux principes de respect des droits humains. Plusieurs sanctions auxquelles l’Etat congolais pourrait recourir pour sévir contre ces jeunes délinquants existent.
La VSV espère donc que les déclarations officielles pour appliquer la peine de mort ne relèvent que des intimidations et de mécanisme de dissuasion. Elle salue et félicite tous les Etats qui ont, lors de l’Examen de la RDC à Genève au 4ème cycle de l’Examen Périodique Universelle (EPU), appelé la RD Congo à restaurer le moratoire sur la peine de mort considéré comme une étape importante vers l’abolition de la peine de mort en RDCongo. De nombreuses revendications sociales dont celles des conseillers communaux abandonnés à leur triste sort.
La VSV est vivement préoccupée par la succession des revendications sociales légitimes se traduisant par des grèves ou annonces de grève de plusieurs couches socio-professionnelles et de certains élus en RD Congo. Parmi les plus récentes, il y a lieu de citer celles des conseillers communaux. Ces derniers ont eu à organiser des manifestations pacifiques y compris devant la Primature sans succès alors qu’ils sont des élus à la base. La VSV plaide pour la prise en compte des revendications de ces élus locaux sinon pourquoi avoir gaspillé les fonds du trésor public pour les élections des conseillers communaux si ces derniers ne peuvent pas faire le travail pour lequel ils ont été élus.
La VSV rappelle que la solution idoine pour apporter satisfaction à toutes les revendications sociales passe impérativement par la réduction toujours très attendue du train de vie des animateurs et des membres de toutes les Institutions de la République et autres.
La Gazette du Continent.