Juriste, avocat de carrière et enseignant à l'Université, Laurent Onyemba vent debout contre le projet de la révision constitutionnelle initiée par la majorité au pouvoir. Appelé à s'expliquer devant un auditoire, Laurent Onyemba s'en prend à tous ceux qui évoquent l'âge mature de la Constitution pour une probable modification.
''Dites à ceux qui parlent de la maturité, que la Constitution congolaise est un gros bébé qu'il faut encore nourrir. Elle n'a atteint aucune maturité'', contredit cet avocat qui s'argumente tout en évoquant l'origine de cette loi.
''A ce sujet, il est inquiétant que ceux qui évoquent à partir de sa maturité, omettent le fait que le droit congolais des obligations trouve son socle sur le décret colonial du roi des Belges datant de 1888'', a-t-il fait savoir.
Voyant venir déjà l'idée des autorités de faire un passage en force à l'Assemblée nationale, ce juriste appelle au consensus national.
'Aussi, il faut un consensus national, au regard de sa valeur politique et de sa portée juridique'', a-t-il insisté.
Laurent Onyemba conseille aux autorités de préserver la cohésion nationale qui a été entamée après le processus électoral de 2023.
''Il est de notoriété publique que le processus électoral de 2023 a laissé une cassure dans les tissus de la cohésion nationale'', a dénoncé cet avocat, membre du parti Ensemble pour la République qui prouve ses propos par l'absence prolongée de l'ancien président Joseph Kabila du pays.
''Où est Joseph Kabila ? Si l'on peut poser la question, le père de l'alternance, pour la première fois dans histoire de notre pays?'', s'est-il interrogé.
Ce cadre de l'opposition revient sur les dires du chef de l'État qui a dénoncé la fraude électorale au niveau des législatives.
''Qui n'a pas entendu le chef de l'État dire qu'au niveau des législatives, il y a eu des nominations'', a laissé entendre Laurent Onyemba qui récuse cette nouvelle législature.
''Peut-on confier à cette Assemblée nationale, du reste cooptée, du reste désignée, le destin de toute une nation ?'', a-t-il renchérit avant de rappeler à son auditoire le basculement de la majorité FCC.
''Quand on a encore l'image du basculement de la majorité du FCC, sous coup des raisons obscures et avec l'interprétation de la disposition de l'article sur le mandat impératif, avons-nous une assemblée capable de traiter une question de légitimité, de notre destin, sans nous comme peuple ou nation ?'', s'est étonné ce politique.
Pour cet enseignant du droit, il faut tout faire afin de barrer la route à ce projet qui risque d'amener le pays dans l'abîme.
''Il faut le dire en toute responsabilité que le décor est planté aujourd'hui que tout un peuple accède à la vérité scientifique pas politique et empêcher qui veut aller dans le sens d'une révision de la Constitution ou d'un changement constitutionnel'', a-t-il conclu.
Cette affaire est loin de trouver une issue favorable entre les partisans du oui et ceux du non.
L'opposition est favorable à un débat républicain sur ce projet, la majorité au pouvoir ne l'entend pas de cette oreille et veut à tout prix faire un forcing.
La Gazette du Continent.