Face aux manipulations et mensonges de la délégation rwandaise sur la guerre en République Démocratique du Congo, la ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangère Thérèse Kayikwamba a répondu le 9 décembre 2024 avec la plus grande clarté et fermeté face aux arguments avancés par le Représentant Permanent du Rwanda.
D’emblée – soyons clairs : Je ne blâme pas le Rwanda pour tous les maux de la République Démocratique du Congo. Je blâme le Rwanda pour :
* la présence illégale de ses troupes sur notre territoire ;
* le massacre de Kishishe ;
* le bombardement du camp de déplacés de Mugunga ;
* le pillage systématique de nos ressources naturelles ;
* et les attaques contre les soldats de la paix des Nations Unies et de la SADC.
Je blâme donc le Rwanda pour les violations de la Charte des Nations Unies.
Ces actes sont tous des crimes ; ils ne relèvent pas d’un quelconque malentendu ou de différends bilatéraux. Ces faits, Madame la Présidente, ne relèvent pas de spéculations. Ils sont documentés, corroborés et gravés dans les rapports des Nations Unies. Je prends néanmoins note de la posture du Rwanda qui doute de l’objectivité des experts des Nations Unies.
Le Rwanda avance que la République Démocratique du Congo est confrontée à de nombreux groupes armés, et oui – c’est un fait. Mais cet aveu de la complexité de notre contexte sécuritaire ne saurait servir de justification à ses propres violations de notre souveraineté. Ce n’est pas parce que d’autres défis existent que son soutien au M23 ou la présence de ses troupes en République Démocratique du Congo en deviennent excusables.
Je le dis avec force : l’appréciation du Rwanda sur nos défis internes ne lui donne aucun droit d’y intervenir. Le Rwanda invoque aussi l’idée que le M23 représenterait des communautés marginalisées. Permettez-moi de poser une question simple à cette assemblée : depuis quand des massacres, des déplacements forcés et la réorganisation démographique de territoires sont-ils des moyens légitimes pour répondre à des revendications ethniques ou sociales ?
Le M23 ne défend pas une cause ; il exécute une stratégie dictée par les intérêts du Rwanda.
Le Groupe d’experts l’a démontré : il ne s’agit pas de défendre des minorités, mais de contrôler des ressources et d’affaiblir la souveraineté de la RDC. Enfin, le Rwanda prétend que les mesures qu’il qualifie de défensives seraient légitimées par des propos tenus par des responsables congolais. Je rejette fermement cette allégation.
Aucun propos quelconque ne peut justifier les massacres des civils, les pillages des ressources ou l’occupation de territoires. Rien, absolument rien, ne peut légitimer les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, ou la violation de la Charte des Nations Unies.
Détrompez-vous, Monsieur le Représentant : le Rwanda n’est pas, et ne sera jamais, le gendarme de la région des Grands Lacs. Si le Rwanda souhaite prouver sa crédibilité en tant qu’acteur de paix, qu’il commence par honorer ses engagements dans le processus de Luanda. Trente-quatre jours plus tard, nous attendons toujours vos experts et ils arrivent seulement après insistance de la République Démocratique du Congo et du Médiateur.
La République Démocratique du Congo reste fermement engagée dans le processus de Luanda, convaincue qu’il constitue la voie la plus prometteuse vers une résolution durable du conflit. Tout au long de ce processus, notre posture a été constante : constructive, respectueuse des engagements pris et résolue à œuvrer pour la paix. Ce Conseil a un rôle central à jouer pour garantir que toutes les parties respectent leurs obligations et contribuent à cet objectif commun.
Le peuple congolais, dans toutes ses composantes, aspire à la paix et à la stabilité. Ces aspirations légitimes ne sauraient être réduites au silence par des stratégies de division et de domination. Mon pays est résolu à protéger ses citoyens, à préserver son intégrité territoriale, et à bâtir un avenir où la souveraineté des États est respectée, et non manipulée.
Nous ne demandons pas de faveur ; nous exigeons que le droit international soit respecté, que la souveraineté de la République Démocratique du Congo soit protégée, et que les responsabilités des actes commis soient pleinement assumées.
La Gazette du Continent.